20.12.13

1058 - Etrennes en longueur

1. Envies
Au hasard

De nouveau envie d'adresser quelques signes, à l'heure où meurent les blogs pour qu'en naissent d'autres. Je ne sais pas si on parle encore de blogosphère, si tumbler détrône twitter qui a détrôné facebook ; je m'éloigne doucement de cette chambre d'échos chaotique qu'on nomme réseaux sociaux.

Pendant ce temps-là, j'occupe les médias de façon quasi-indécente : hier, si tu es aveyronnais, tu as peut-être vu ma bobine au-dessus d'un questionnaire ; ce matin, si tu es toulousain, j'ai parlé dans le poste avec ma douce, dans l'émission Traversée de Christian Moretto. Je ne t'en parlerais sans doute pas si ce n'était pour dire que nous y avons croisé un oiseau rare, à savoir un responsable politique sans langue de bois ni formule choc. Les espaces où peut se dérouler une parole complexe, ouverte, prenant le temps de l'hésitation et le risque de l'erreur sont rares.

C'était bien ce matin.


2. Mais un post pourquoi ?



C'est vrai tout de même : j'utilise de plus en plus cet espace pour communiquer au lieu d'écrire. Non qu'y écrire ne m'intéresse plus ; je me réserve simplement pour l'instant à un autre genre de carnets. Bref, je t'explique pourquoi je ne m'explique plus ici.


Toutefois, dans les idées cadeaux, j'ai oublié je crois de te parler d'un livre que j'ai beaucoup aimé cette année ; un polar joyeux, foutraque, intelligent, enchanté. Il s'intitule Je reste roi d'Espagne, et...

Et il te plaira. Et il plaira à ceux à qui tu vas l'offrir. Je te le promets. Il y a dedans un détective, des filles à tomber, un roi qui rêve, un barrage, une symphonie disparue, des pesetas et des morceaux d'Espagne qui te donnent envie d'y partir là, maintenant.




3. Savoir ce qui se passerait si je demandais à mes doigts d'écrire ce que tait ma tête

Un soir, ils étaient
nus, las, éreintés
malgré eux malheureux et fidèles
se tournaient en routine et en fatalité
étouffant dans leur sommeil leurs rêves
ils pleuraient en dedans souriaient dents dehors

Triste, triste fin, triste sort et pourtant
Ils s'aimaient, oh que oui, comme on aime
La flamme qui jaillit le long de l'étincelle
L'eau qui coule en frisson du rocher
L'air du vent sec d'août qui efface les choses
Les souvenirs, les riens, les envies.

Ils s'aimaient, oh que non, comme on aime
Raviver les souffrances, tâter du bout des doigts le coeur arraché

Un soir ils s'endormirent 
Dans le passé sans doute
Se réveillèrent pourtant, sinon dans l'avenir,
Du moins dans un présent qui disait bien son nom.

4. Déçu par le hasard...

Pêche en eaux profondes de souvenirs
Je colle une autre photo au hasard. Et là, miracle : il s'agit de la seule photo de mon disque dur qui n'éveille en moi aucun souvenir. Je ne sais pas ce qu'elle représente, quand elle a été prise, qui sont les personnes ou le lieu qui y figure.
Je l'avais remarquée, cette photo, il y a quelques mois en triant mon vrac d'images. Je l'ai montrée à droite à gauche en disant, tu sais ce que c'est, toi ?  Et rien.
Je crois deviner au tuyau d'aération et aux tables qu'il s'agit d'un genre de café culturel un peu alternatif. Il y a peut-être une sorte d'exposition, au fond ; un lumière du jour sur la droite. Je n'en sais pas plus.

Alors voilà. A toi de me dire ce que c'est. Ou c'était. Ou sera.

Et bonnes fêtes.

17.12.13

1057 - Cadeaux


2. Coeur sauvage

Stéphane Servant.

Ca fait plusieurs fois que je rencontre le monsieur ; il y a avec lui quelque chose comme une proximité assez immédiate, qui tombe sous le sens. J'envie sa force de caractère, le sillon qu'il trace dans le sol audois ; ses succès, de plus en plus marqués, me réchauffent le.

Et ce roman...

 Il a dû aller le chercher, je crois, à la force des ongles et des griffes. Dans les pierres. Sous les histoires.

Célia et sa mère viennent s'installer au petit village de la montagne, où vivait la vieille que l'on traitait de sorcière. De pute, aussi. La jeune fille se heurte à la lâcheté féroce des hommes ; découvre sa propre force en même temps que l'histoire qui, de mère en fille, fait des femmes de la lignée des louves au coeur meurtri.

C'est noir et dur comme une bogue, un diamant. Etincelant de souffle et de simplicité. Impressionnant, passionnant.

C'est édité chez Doado, la collection jeunesse du Rouergue - un éditeur qui montre encore une fois qu'il se joue des genres et des catégories, et s'adresse à l'intelligence des ados autant qu'à celle des adultes.



3. Intermède musical

Si après la densité du Coeur des louves, tu cherches une musicalité légère, écoute donc (pardon, revenons-en aux fondamentaux : achète) ce que les copains d'Uniform Motion ont fait de titres connus. Un album de cover pour découvrir la pop-folk lumineuse d'Andy, Olivier & consorts. The Nationals, Massive Attack ou Talk Talk comme tu ne les avais pas encore entendus.

Altered Covers, Uniform motion, sur bandcamp par exemple






4. Encore un roman
... et encore un type que je regarde toujours avec émotion, respect, amitié. Benoît Fourchard, auteur de nouvelles, comédien, metteur en scène et tout un tas d'autres trucs, fait partie (comme le Stéphane sus-cité) de ces gens qui te paraissent humains, tout simplement.

Et des humains, il y en a tout plein dans son premier roman, La lune avec les dents, chez d'Un Noir Si Bleu.

Le parallèle avec Stéphane est évident - là aussi un roman qui se déroule dans un village, avec les histoires tramées tout en dessous ; là aussi une femme qui s'ébrèche à la dureté mauvaise des hommes (et y perd une dent, celle du titre), tente de s'éloigner à la nage, tant bien que mal. Là aussi des coeurs vivants, secoués, des coeurs qui font battre les nôtres. Et l'espoir qu'on en réchappe, malgré la dureté, malgré le rance accumulé au fond des bouteilles et des esprits.
Je te laisse découvrir ces deux villages, ces deux auteurs sensibles, ces deux écritures vivantes, chaudes et débordantes comme des larmes.

4. Et si d'aventure...

... tu me reproches de ne parler que des oeuvres des copains, je te rétorquerai que (au moins je ne parle pas des miennes) oui, et alors ? 

Après tout, c'est quand même pas ma faute si mes copains sont bourrés de talents.


1. Oué parce que bon (vague intro, mais je la mets à la fin sinon ça gênait le propos)

Tu sais quoi ? Je lis de moins en moins. Peut-être, je suppose, du fait qu'un partie de ma journée consiste à déchiffrer un anglais texte pour en faire du roman. Et que pendant une autre partie je trace des lettres en violet sur un petit carnet. Bref, tant de travail à lirécrire qu'à force, j'y préfère les petites images qui bougent, en particulier sous forme de séries.

Pendant les vacances, néanmoins, ou les longs ouikends où je n'ai pas les enfant pour leur crier dessus, je trouve un plaisir délicat à me laisser emporter par un bouquin. Mais alors un tout bon, hein ; il me faut bien de la confiance pour m'abandonner à.

Du coup, je me dis que, vu l'approche du quoi-tu-sais, au cas où tu chercherais du cadeau qui touche le, bin.











12.12.13

1056 - Dans le dur

Il Papa ero qui
1. Remembrances

Toutefois, il fut un temps où je parlais moins de ce que j'avais fait, de ce que j'allais faire, pour raconter plus ou moins en douceur, à nu en tout cas, ce qui me passait par le coeur.

2. La question du jour

Tous ces gens qui savent. Ces experts, ces commentateurs. Ceux qui ont un avis, une analyse.
J'aimerais bien être comme. Mais bon, il se trouve que non, voilà, ce n'est pas monté en série chez moi. Ce que j'ai, en stock et en masse, ce sont des questions. Des incertitudes. Des dissonances cognitives, même - j'aime bien ce terme trouvé sur un.

En ce moment, ma dissonance à moi, c'est avec les monstres. Les enfants, quoi. Les ados. Les presqu'adultes. Les hier encore je te tenais endormi sur mon avant bras, les Je revois tes yeux quand tu me tendais le dinosaure en plastique en me demandant si je voulais jouer avec toi.

Aucun lien avec ça, mais t'ai-je avoué que j'avais pleuré d'un bout à l'autre de Les garçons et Guillaume, à table ? Pleuré, oui, avec la boule dans la gorge et les larmes au ras des paupières, limite en apnée - et heureux presque, presque libéré. Non, ce n'est pas mon histoire, mais elle me touche, au plus profond. Ces parents qui plein d'amour te modèlent en pressant juste là où tu ne sens plus rien...

C'est peut-être la même histoire, au fond. La raison pour laquelle je hurle sur Anton quand je ne le trouve pas au rendez-vous, pour laquelle j'ai envie de détruire des choses, crever des surfaces, abîmer ; pour laquelle je le prends ensuite par la main, les yeux un peu plus clair je crois, et que je murmure pardon je suis fatigué j'ai tort de crier je ne sais même pas pourquoi.

Je me tiens à distance de ma famille (le mot même me choque encore quand je pense à nous 6 sous notre toit, Anton Zadig Princesse et les deux marmots qui grandissent). Je suis - regardons les choses en face - un mauvais père. Indisponible irritable inconséquent imprévisible. Moi qui ne crie jamais, je leur hurle dessus ; moi qui suis toujours là pour mes amis, je n'ai pas une seconde à leur consacrer.

Pourquoi ?
Parfois, c'est chiant de ne pas connaître de réponse.
Espérons que poser la question amorce une évolution.

3. Chose promise

Tu retrouveras donc ici des vidéos satirico-politiques, avec en particulier quelques-uns des personnages qui m'agitent.

Sinon, toi, ça va ?


11.12.13

1055. Compte-rendu mensuel d'activités artistiques de notre dynamique association

1. Invitations

Ce vendredi, 200 exercices,

et le lendemain, au même endroit, 17 auteurs toulousains,


L'occasion, donc, de découvrir un Bout du monde, de rencontrer de l'auteur vivant, voire de trouver des sympas cadeaux de Noël.

2. Réorientation de carrière

- Donc, vous n'écrivez pas vraiment ? m'a demandé hier soir le gentil organisateur d'un café littéraire chaleureux.

Alors si. Et pas qu'un peu. Disons que si je devais compter, je ferais état d'une bonne demi-douzaine de projets d'écriture, à divers stades de finition.

Mais c'est vrai que, comment dire ? Comédien, c'est bien aussi.

Ca s'appelle Saveur des malotrus, c'est écrit et mis en scène par Pauloe, avec Véni Lacombe. Et la première représentation était...

Encore une fois, les images parlent d'.

et merci pour les photos, TedYManu



3. A part ça

 A part ça rien, se disait-il
chaque matin et chaque soir
A part ça rien, rien derrière, rien à côté,
Rien dans l'espace, dans l'interstice entre
son ventre et l'air au-dehors
Rien de flottant, rien de tangible
- Rien, presque rien à part ça,
à une rognure d'ongle, une épaisseur d'écorce,
d'être entier, d'être unique
d'être là
autrement qu'en passant.




4. Plein d'autre trucs à

Toutefois, ce sera pour la prochaine fois - avant Noyël, promis.



6.11.13

1054. Reconnaissances

L'envol (photo ©Mathilde Monarchy)
1. Couilles pleines

C'est une expression lue sur un article de Guillaume Chérel dans Rue 89 en réponse à...

Merde. Se faire l'écho d'un bruit sourd me fatigue.

Toutefois cette idée d'un désir masculin impérieux, indépassable, me semble fabriquée. Tiens, et si un blog consacré à  ?

2. Passif-agressif

"Ecrire, c'est une façon de dire aux gars de l'équipe qu'on arrête".
V. Hugo (troisième ligne du Romantic Rugby Club).

3. Epreuve

J'avais oublié de rajouter un lien, là, du côté de l'e-publié. Sur Le garçon au bord du monde. Si tu le lis, j'espère qu'il te plaira : c'est un de mes travaux les plus aboutis à ce jour. Parce que je ne me suis pas posé la question de la littérature jeunesse ou non ; parce qu'il ne s'agit pas d'un texte illustré, mais d'une narration graphique et textuelle ; parce que ce rapport texte/image me paraît (presque) complet, en attendant de pouvoir y tisser la musique ; parce qu'à chaque image, je pleurais et souriais en dedans pour ce petit bonhomme aux mots figés.








6.10.13

1053. Une flopée de

1. Mécanisme

J'ai comme l'impression de commencer désormais chaque post par un truc genre "ah mais dis donc ça fait longtemps que". Ou alors, c'est que je me mensualise ? Que le flot se réduit, se canalise ?
Qu'importe. Coucou, tu vas bien ?

2. Parutions

Il est possible, quoique peu probable, que je ne possède pas ton adresse mail, et que par conséquent tu n'aies pas reçu la niouzletter (si, si clique ! tu la liras sur le blog de Place aux nouvelles, qui sont trop gentils de, et que je remercie au passage pour leur épatant travail, et que j'embrasse) qui récapitulait mes parutions de cet automne. Je dis "mes", parce que quand même, il y en a.

Après, évidemment, tu te sens un peu comme un gosse qui a fait trop de dessins et que plus personne ne regarde ; des fois même, tu culpabilises un peu - produire autant, c'est suspect, ce type-là, soit il a des nègres, soit il fait n'importe quoi.
Hé, ni l'un ni l'autre, d'abord. C'est peut-être que sous mes dehors désinvoltes, j'ai une capacité de travail phénoménale. Ou alors que j'ai trouvé un truc pour être si souvent dans le plaisir d'écrire et de créer que je n'ai pas l'impression de travailler.
Quoi qu'il en soit, c'est suspect.

Comme tu le vois, les choses ne changent pas vraiment à l'intérieur.
(Avoir peur de soi-même).

Passons toutefois à la bibliothèque.

3. Fantastique

"Le marché du livre jeunesse", me dit une éditrice, "et en particulier du fantastique, connaît en ce moment quelques embardées". Tiens, ça tombe bien.


Si tu ignores encore que c'est mon quatrième roman bilingue, qu'il existe en version allemande et espagnole, c'est que je suis nul en comm. Auquel cas, fais-moi signe par un commentaire en bas de cette page, ou par quelque autre moyen que tu voudras.

Oh, et puis si tu n'aimes ni les langues étrangères ni les vampires, tu peux toujours aller voir du côté des zombies et du premier tome d'une série que je traduis, et que mon Anton chéri adore,




4. Illustré

"Le numérique a du mal à se lancer, surtout au niveau des albums jeunesse", me dit une autre éditrice.
Re-tiens donc.

 


Pourtant, tu sais quoi ? Ca doit être joli sur une tablette. Et tiens, en plus du lien d'achat qui vient de passer, je te mets un lien vers un gros extrait sur gougueul.

5. Auditif

"Ce qui marche encore moins", continue une troisième éditrice, c'est les audiobooks. Reretiens.
Ca, je t'en ai déjà parlé depuis un bout de temps, mais ce livret-carte postale



existe aussi en version audiomusicale dans l'album 5 tentatives d'approche de l'infini - avec la douce voix d'Emmanuelle Urien et une guitare fofolle. Et tu sais quoi ? Pour quelques jours encore, elle est en téléchargement gratuit. Allez, zou, tu auras toujours le temps de te l'écouter en voiture.

6. Conseil

Du coup, on peut être tenté de changer de genre


Bien entendu, j'ignore totalement qui peut se cacher sous le pseudonyme Caussurien.
(et j'ai mis un lien vers la FNAC, je sais que c'est mal pour mes amis libraires que je préfère, mais l'autre solution, Decitre pour ne pas le nommer, proposait plein d'autre bouquins, de cul en particulier, et c'est pas que je n'aime pas, mais ça distrait, je trouve).

7. C'est tout ?

Oui et non. Il y a d'autres projets en cours, bien entendu. Et même pas que littéraires. Il faut que je te reparle de Saveur des malotrus, corrida amoureuse et poétique de la toulousaine Pauloe, où je jouerai Titan le mâle-otru désinvolte et piégé. Mais comme pour l'instant, c'est encore en cours de, je me contente de te passer un petit essai de musique composé pour l'occasion...

Et puis bon dimanche. La prochaine fois, je te parlerai de mon dedans, peut-être, de l'eau qui ruisselle sur les causses et des diaclases du coeur. Et puis des murs, des maisons, des trains et des prisons.

D'ici là, amuse-toi bien.




8.8.13

1051 - Fiches de lecture

1. Une fois n'est pas

Et donc, au lieu de te raconter mes vacances, je vais te raconter mes lectures. Parce que bon, aussi bien, tu te demandes quels livres emporter - ou ne pas emporter. Et qu'en plus, je te l'avoue : quand je lis (en vacances, donc), j'ai comme une voix qui me dit "et là, tu pourrais en conclure ça." Je sais, ça fait terriblement ex-prof de Français, ou crétin incapable de se laisser aller au simple plaisir de la lecture. Mais après tout, hein, il serait temps d'assumer.

2. Histoire de liseuse

Kobo, donc. Notre fidèle compagne des vacances. Plusieurs centaines de livres pour quelques dizaines de grammes, c'est imbattable dans un sac à dos. Et sur la plage (non, le vent ne rabat plus les feuilles !). Quelques hics toutefois - au cas où ça intéresserait les concepteurs du truc de l'améliorer, ou bien quelques éditeurs qui. Donc, ce qui m'a énervé :

        - les pages qui collent ;
oui, l'édition numérique a réinventé les pages reliées - mais pas le coupe-papier qui va avec. De temps à autres, donc, sur certains livres, tu appuies pour tourner, il ne se passe rien, alors hop tu réappuies - et pof, ça te tourne deux pages. Les premières fois, tu te dis que tu as fait une erreur digitale de doigt, mais non : ça ne tourne pas, puis ça tourne trop. Pas grave, mais agaçant.

         - les notes de bas de page ;
suivant l'epub, les renvois fonctionnent ou ne fonctionnent pas. Trèèèès agaçant de lire "1. n'a pas d'entrée dans le dictionnaire" quand l'engin croit que tu recherches une définition, et que tu ne trouves nulle part à quoi renvoie ce foutu 1.

        - les chargements ;
je sais, je suis un peu con-con, et heureusement j'avais trouvé le site de la Maison du Livre, mais ça reste problématique pour moi ce principe de "connecte-toi à ton ordinateur pour acheter un livre pour ta liseuse qui te sera envoyé par mail pour que tu le passes dans un logiciel de gestion pour l'envoyer dans ta liseuse". D'accord, la Kobo permet d'acheter directement en ligne, sur un site appelé Kobo (comme le logiciel de gestion, d'ailleurs, sans doute histoire de simplifier) ; mais, à part les téléchargements gratuits (et un peu forcés, nous y reviendrons), celui-ci n'a souvent que des titres très, euh... populaires - nan, merdiques - à te proposer. Bref, il faut faire provision de bouquins avant de partir, surtout quand comme moi on aime à se passer de wifi et de connections pendant ses vacances. C'est là qu'on en arrive aux...

         - DRM ;
je n'avais jusque-là sur la question que les avis partagés de mes éditeurs ; à présent, c'est en tant que lecteur que je clame aux chiottes les DRM ! (oui, je sais, je suis revenu grossier de mes vacances, mais tu me le pardonneras, je vais faire de mon mieux pour). Le système de "protection" (signé Adobe, si j'ai tout bien compris) des bouquins pour éviter qu'on les télécharge illégalement m'a permis ce miracle : les six bouquins de théâtre que j'avais achetés (chez Acte Sud, l'Arche n'ayant pas encore exploité ce terrain malgré l'intérêt de leur catalogue), sans compter quelques autres empruntés à, étaient tout simplement illisibles. Et pas la peine de tenter de faire passer la pilule avec un "ooups désolé, allez voir sur notre site" : il m'aurait fallu un ordinateur, un mot de passe et tout le merdier. Exactement ce que je ne veux pas quand je prends ma liseuse. Bref, les DRM, comme les piteuses tentatives de l'industrie du disque pour protéger les données contre le piratage, m'a surtout donné envie de ne plus jamais acheter chez les éditeurs qui l'utilisent. Compliqué, obscur, pas au point - et franchement, ne pas pouvoir prêter un livre est presque aussi grave que ne pas pouvoir l'ouvrir.

3. Un doute pointe en moi

T'as vu comme je fais long et pédagogique, aujourd'hui ? Ca doit être toute cette angoisse d'être en vacances, sans travail à faire, sans tâche à effectuer. En plus, ce n'est pas fini - maintenant, je vais te parler des livres.
Parce que si je commence à te parler du processus de pensée et de classification des oeuvres qui m'a tourné dans le ciboulot pendant que, on en a pour des.
Tu crois qu'écrire, c'est une maladie ?

4. Les livres, donc

Les petits grands : Un parfum d'herbe coupée, Nicolas Delesalle. Trentenaire ou un peu plus, souvenirs de vacances, de chiens et de voitures paternelles - un petit bijou de précise nostalgie, où l'auteur nous rappelle - je cite de mémoire, c'est-à-dire de travers - qu'elle appartient le dimanche dans la nuit aux pères qui conduisent sur l'autoroute, la famille endormie. C'est à lire comme une caresse amicale, un petit air qui s'accroche dans la tête. Fonce.
J'ai l'amour, de Mathilde Roux. A priori, seulement sur liseuse ; un petit texte qu'on voudrait dire, et surtout dire à quelqu'un ; tour à tour aguicheuse, rêveuse, pêchue, rieuse, une langue qui s'élance et volette - léger et culotté. A suivre.

Là, c'est la petite édition - voire la petite édition numérique - qui propose des textes novateurs, qu'on ne trouvera pas chez les "gros" ; mais au-delà du léger/moderne, une place toute particulière à L'usine, de Philippe Napoletano, chez DNSB-que-j'aime et qui se lance dans le roman. Un roman, donc, que je qualifierai d'hégélien si j'y connaissais quelque chose ; qui commence comme du Zola, avance comme du Kafka, et se termine dans un souffle haletant. Là, on est dans le grand roman. Lis.

Ici, je t'épargne mes réflexions super-profondes sur la petite édition, le fait que "L'usine" soit aussi le titre dans mes souvenirs d'un roman de François Bon qui publie Roux et traduit (pas très bien, malheureusement) Berit Elligsen et sa Ville vide - j'ai moins aimé une nouvelle intitulée "Dans le blanc", qui m'a fait décrocher très vite. Là, pour être franc : c'est agréable à lire, "moderne" quel que soit le sens que tu donnes au mot et original. Le seul truc, c'est que je l'ai lu il y a maintenant deux semaines, et qu'il ne m'a laissé quasiment aucune trace dans la tête. Mais tu peux essayer, si ça te dit. En tout cas, une chose est sûre : les petits éditeurs travaillent, et bien. Sans compter que la plupart de ces bouquins n'existant que sous format numérique, ils sont à un prix défiant toute. Bref, faire son marché de "jeunes auteurs" est délicieux, et je recommencerai.

5. Du côté des gros

Je te la fais rapide : j'ai adoré A man of parts de David Lodge. S'installer dans le genre biographique pour faire un roman plein de souffle, d'intelligence et de profondeur, est un tour de force. La vie d'HG Wells devient une réflexion sur la création littéraire, mais aussi sur l'amour, la fidélité, et le rapport à la politique. Tu imagines si j'ai. A l'occasion, donne-moi des nouvelles de la traduction française, qui a dû paraître il y a un moment déjà.
En tant que traducteur, je me suis rendu compte que chez les "gros" éditeurs de genre, certains optaient délibérément pour des traductions dégueulasses, d'autres pour une certaine exigence de qualité. Ca m'a surpris, mais (attention codage pour ne pas fâcher de potentiels employeurs) que le fils du mousquetaire parle comme une vache folle, tandis que l'archétype de théâtre propose des textes en français.
Au-delà, j'ai trouvé L'attente de l'aube deWillliam Boyd mal ficelé, insipide et peu crédible - j'ai même longtemps cru qu'il y allait avoir un retournement final, mais en vain. Dire que j'avais tant aimé ses Nouvelles Confessions, il y a... ouh putain, un bout de.
Et tant qu'à parler espionnage/thriller, ma liseuse m'a fait cadeau d'un San Antonio. C'est là - en riant comme un couillon pendant la lecture - que je me suis rendu compte à quel point les romans et le style de Frédéric Dard m'ont inspiré, à quel point sa capacité à modifier le cours de la langue fait partie de nous. Si tu ne me crois pas, écoute donc les chroniques de mon copain Lorenzo, et tu comprendras. Bref, comme il le souhaitait et ne le souhaitait pas à la fois, San Antonio est devenu un classique - on en reparle, tu veux bien ?

6. Tranchant

Voilà. Tu es certainement déjà parti en vacances, ou tu as ta propre liste de livres ou tu t'en tapes de savoir ce que je pense de ce que, mais c'est fait, comme je me l'étais promis : un genre d'article critique. A présent : je repars hanter mes vieux pays, en me demandant dans un coin de ma tête comme devenir tranchant - tout ça pour l'art difficile de la comédie, bien évidemment.

7. Photo (que tu peux réaliser et coller en en-tête de cet)

Un type sur une chaise longue, au bord d'une piscine, sur fond de citronniers ; il tient devant lui une liseuse qui protège du soleil une partie de son ventre - son corps, ailleurs qu'à cet endroit aux environs du coeur, est d'un rouge cramoisi.

14.7.13

1050 - Préparer ses vacances

1. Foreplays
Se prendre la

Je sais pas toi, mais pour moi, les vacances, ce n'est jamais facile. C'est vrai : passer du planning vingt feuillets de trad / une répète / une création audio / arroser les projets / téléphoner à Maman / nourrir Anton et Zadig / petit rugby / soirée en amoureux à que dalle/que dalle/que dalle, ça me fout dans les transes.
Là, par exemple, j'ai dû prendre à mort sur moi pour rester dans mon canapé à regarder les premières saisons des Sopranos. Ne ris pas : dedans criaient les voix "mais tu ne vas pas rester là à rien faire", "et les enfants, hein, tu ne vas pas les laisser ici ?" et "il y a tant à faire dehors ailleurs"...

Pourtant, en vraie moule-samouraï, j'ai stoïquement enduré mes remords imprimés ainsi que la mollesse du scénar et de la réalisation. Et, promis, c'est à peine si j'ai pensé Un article intitulé Dear dead I love you so, qui traiterait de la place des morts dans les séries depuis les Sopranos à Walking Dead en passant par Six feet under et quelques autres, ce serait pas mal et...
Chut. Le vide, d'abord. Laisser passer les pensées. Laisser s'exprimer les sentiments de manque. Se préparer doucement au soleil, à la mer, à l'Italie.

2. Oui mais là tout de même enfin merde

Quand nous partions en vacances avec mes parents, il y avait l'épisode Maison du Livre - oui, cette adorable librairie à taille humaine, à Rodez, sur le piton. C'était ma mère qui menait l'expédition ; nous y passions plusieurs heures et revenions chargés de romans épais, que nous empilions dans le camping-car familial et nous passions les uns les autres pendant les deux ou trois semaines de périple. Je me souviens de Robertson Davies dans les Dolomites, de John Irving en Grèce, de Fruttero et Lucentini à Cologne.
Bon, et là que je pars, dans ce XXIe siècle du facile et pratique, je me dis que je vais pareil. Un coup de FNAC (Amazon caca), de Kobo ou d'Immatériel, et hop, ma liseuse sera chargée des pages qui embelliront  mon été. Parce que je voyage sac au dos, et que le numérique, sur la plage, ça a son charme.
Sauf que non. Ca ne marche pas. En jargon commercial, on dirait : l'offre numérique ne correspond pas à la demande.
La FNAC me propose dix-sept fois de suite les trois cents nuances de fade (je clique tout de même sur un titre repéré il y a quelques temps) ; Immatériel m'offre une liste alphabétique et des classements thématiques charmants (XXe siècle ? XXI siècle ? Contemporain ?) qui me donne envie de fuire ; ensuite, chaque éditeur cherche à me convaincre que toute sa collection est géniale, mais voilà : les éditeurs et les collections, je m'en tape. Je veux des livres.

Je tente Numilog, et l'espace d'un instant j'espère en avoir trouvé un qui m'intéresse. Sauf qu'il est traduit, et que j'aimerais acheter la VO... je clique et oups, ayé, le titre est perdu, remplacé par la sélection "meilleures ventes" qui affiche des couvertures répliquant à l'infini celle des Twilight...

Je continue, par défaut ; sélectionne deux romans français récent, tout en pestant sur leur prix (13 euros ? Pour un fichier numérique dont la fabrication coûte tout au plus 20 cents, alors que le poche coûtera moins de dix ? Non, finalement, je vire) ; question théâtre, je cherchais Melquiot, je trouve Corneille et EE Schmidt. Merci, je passe. . 

Enfin la section des romans en anglais... où je trouve des auteurs au patronyme français chez des éditeurs de même métal - probablement des traductions de 4e de couv. Mais je ne renonce pas : je m'intéresse à un ou deux romans qui pourraient m'emmener à d'autres ; sauf que très vite, je me rends compte que la sélection est particulièrement restreinte, et que les proposition du type "les lecteurs qui ont aimé aiment aussi..." tournent en boucle.

Question "atout notoriété", je m'aperçois aussi que je ne connais aucun de ces auteurs, même de nom ; dans la rubrique "Science-fiction", les 17 premiers titres ont la même couverture. Encore un effet éditeur ? Jel'ignore ; en tout cas, j'ai l'impression qu'on me demande de choisir entre 25 articles parfaitement identiques, et laisse-moi te dire que je ne pars pas en vacances avec de la production de série.

Bon, alors : le dernier David Lodge en anglais, ce serait bien, non ? Numilog n'y arrive pas (j'entends bien que c'est peut-être "Je n'y arrive pas sur numilog", mais ça fait déjà deux heures que je galère et j'aimerais juste trouver quelque part ou taper auteur/langue, et voilà alors maintenant ça suffit). Un coup via google et... je tombe sur une plateforme pirate. Qui me propose d'ailleurs un bouquin de 1976 en français. Je finis par retomber sur la fnouk, qui a gardé un commande

Je m'arrête là pour l'instant ; pour l'année prochaine, je rêve d'un vrai libraire numérique, qui utilise les outils informatiques et ses vrais coups de coeur pour proposer des livres...

Jusqu'au moment où je me dis, et pourquoi pas ? Et je vais sur le site de la Maison du livre - de Rodez, et bientôt de Toulouse, m'a-t-on dit.

J'achève là-dessus ce post : en ce moment, je m'achète des livres (et pour l'année prochaine, mes chers ruthénois, s'il vous plaît s'il vous plaît le lien vers la VO...)

3. Conclusion et moralité


 Des fois, observer vaut mieux que s'indigner - décidément, une thématique en ce moment.

En parlant de thématique, ne pense pas que les autop illustratifs soient le résultat d'une crise de mégalomanie plus sensible que les autres, c'est juste que je suis sur un ordinateur sans mon stock habituel de photos...

13.7.13

1049 - D'autres vies aussi

1. Marketing

Home-made moon
Soyons tout à fait franc, je ne publie ce post que parce que je viens de m'apercevoir qu'il y manquait le titre d'une e-nouvelle dans la colonne de droite. Achète-achète-achète, voilà ce que murmure la pub. Je te rassure, ça ne changera rien à mes vacances. Aux tiennes, je ne sais pas.

(C'est "Lunes", hein. Parue dans le Petit guide. Si tu l'as oubliée, ou si tu as une liseuse. Et puis si tu l'as déjà, lis L'eau des rêves, c'est de moi mais c'est peut-être de la littérature).
Sinon ? Sinon, pas grand-chose.

2. Fathers

Hier me promenant mentalement dans un petit bobo, je me rendis compte de cette peur parfois qui me pousse à y voir la trace d'un futur mal incurable. Faut dire, les histoires de, en ce moment, me déplaisent - ma série pas préférée, Dad vs Cancer, annonce une troisième saison.

Mais F., elle, perd son père soudainement (tout petit lien, tant ce rapport entre le deuil et les mots me pose question). Privée peut-être de ce temps où l'on fait le point, où l'on s'avoue les beautés de notre relation.

Bref, la 42e saison de My life is a life se poursuit...

3. Manu vs Wild

Et c'est pourtant étrangement dans la non-vie que tu te sens vivre. Le théâtre, par exemple - non, le jeu. Torse nu en bord de Garonne, à faire passer dans mon corps un texte qui ne parle pas entièrement  à ma tête - à m'adresser, à perdre l'équilibre, à coller des frissons, à obéir à ses ordres doux - je me sentais davantage. Apaisé par la suite (longue course en scooter dans la ville l'été), et les possibles qui s'ouvraient d'eux-mêmes...

4. Un dernier petit truc avant que j'oublie

En ce moment chaque commentaire (ailleurs qu'ici, évidemment - ici, on ne commente pas, on sait se tenir), chaque avis d'expert auto-proclamé et anonyme, m'irrite. Protégé par l'épaisseur de l'écran, chacun se pose en spécialiste tranchant et docte.
Et me les brise. Le silence, bordel, le silence.

M'en fous. J'en ai envie : je me réenchante, me désindigne, m'apaise et m'enconfiance.

Je nous souhaite un été bel et doux - et, spécial dédicace à P., un peu tranchant et rock'n'roll.

2.7.13

1048 - Du temps pour lire

1. Anecdote inintéressante

Tu te ficheras de savoir que le fait d'avoir galopé sur une pelouse du campus de Rangueuil, d'être tombé sur Tonino Benacquista parlant sur Inter d'un film japonais, d'avoir retrouvé à la maison l'amie J. et ses aventures - bref, d'avoir passé du bon temps, m'a donné comme l'idée d'


2. Un jour peut-être les gens diront

Un jour peut-être les gens diront
Ils ont vécu ensemble de tant à tant
- de telle année à telle année

Un jour peut-être les gens diront
Ils étaient si bien ensemble

Un jour peut-être les gens diront
C'était écrit, ça se voyait

Un jour peut-être les gens diront
Il faut bien rebattre les cartes, de temps en temps,

Un jour peut-être les gens diront
Ils s'aimaient si fort, vous savez

Mais aujourd'hui je te le dis,
je t'aime comme jamais je t'aime comme personne

3. Portrait de l'artiste en héroïne amoureuse

Je crois que je peux dire que je m'y connais un brin sur le fait d'être amoureux - même si bien sûr ça se réinvente à chaque fois, et que ce n'est que ma petite perspective. N'empêche, le livre/album qu'elle m'offrit,

m'a cueilli ce matin aux petites lueurs de l'aube d'un joli crochet au plexus.

Vingt-quatre histoires d'amour - ou "histoires avec de l'amour", comme le précise la 4e de - que l'auteur parcourt à l'envers ; les photos de ses amants ou des lieux traversés accompagnent le récit des circonstances de la rencontre ; parfois l'amant - ou la maîtresse - raconte sa rencontre avec une autre personne ; parfois elleil ajoute quelques mots à l'attention de l'auteur, du lecteur.

Et bien sûr on voudrait figurer dans ces pages ; bien sûr ce regard posé avec légèreté sur nos historiettes amoureuses, ce style sans fioritures, ce réel réactive notre envie d'aimer à chaque fois différemment, chaque fois à nouveau.

Je t'aime [maintenant], Sandra Reinflet, Michalon

Bin pareil, Sandra.

4. Tant qu'à parler de lecture

Si tu suis un peu, tu te souviendras que je te parle depuis quelques jours de la sortie en avant-première de


Je l'ai lu. Offert, aussi.
Aimé la clarté du propos - chaque chapitre met en lumière un événement, un personnage, une atmosphère, pour donner une vision globale du "printemps arabe" et de ses conséquences dans le présent ; aimé le traitement des couleurs et des mouvements, le découpage, le symbolisme - bref, le style de Cyrille, d'une étonnante fluidité ; aimé, surtout et enfin, le récit - loin des manichéismes, embrassant la complexité d'une situation sans renoncer à la clarifier.
Au passage, je me dis que je veux bien lire, un de ces jours, l'adaptation BD de L'étranger sortie récemment - qui me paraît comme un signe parallèle, une volonté concomitante de regarder l'autre en nous.


5. Nouvelle rubrique sexogenre

Ca fait longtemps que je n'ai pas parlé de, n'est-ce pas ?
Je commence doucement, pour voir si j'ai encore l'.

Libérons l'homme - rendons le pouvoir aux femmes.

Il y a si peu d'hommes qui m'ont parlé de leur plaisir.

L'autre existe - je l'ai rencontrée.

Petit point de grammaire : j'aurais pu écrire rencontré(e), mais un blog parcouru il y a peu m'a demandé pourquoi mettre ainsi les femmes entre parenthèses. Militons (pacifiquement) pour l'inclusion du neutre dans l'accord féminin.

Ce qui donnerait, d'ailleurs,

L'homme existe - je l'ai rencontrée.
 


1.7.13

1047. Tiens, et si je prenais un peu de temps pour écrire ?

Bientôt les vacaaaaaances
1. C'est la question, 

selon moi, qu'on devrait se poser avant de. Il se peut qu'on soit justement en train d'écrire, quand elle se pose. Mais...
juste une respiration, le temps d'une respiration,
un peu comme un surfeur attend la vague.

2. Oué mais enfin j'aurais des trucs à dire

Si je te racontais que samedi, après avoir assisté à une prometteuse conférence gesticulée d'Abra-notre-chef, bu un verre en compagnie de Carole Fives, claqué la bise à Cyrille Pomès avant sa première dédicace en terre toulousaine, j'ai assisté à la dernière de la première d'Emmanuelle Urien
(et note, tu ferais bien de cliquer, parce qu'il y vraiment de quoi) ?

Et je garderais pour moi le fait que le premier porte mes caleçons, que j'ai à peine grogné quelques mots à la seconde tant j'étais embêté de ne pas l'avoir lue, que le troisième était très absorbé (nan, je ne dirai pas à quoi, mais j'espère que c'était bien pour toi) et que la soirée a fini en Marathoff - le marathon des mots off - entre comédiennes et comédiens, metteurs en scène, musiciens, chanteurs (le couple Betsch était même là, vibrant de la voix comme jamais, mais chhhhhut, donc).
Je ne citerai même pas le fait que ladite Urien s'est honteusement envoyée en l'air le lendemain avec un beau mec attaché.

T'as vu comment je dénonce ?

3. Ca donne quoi ?


Mais alors, c'est vrai : peut-être manque-t-il à ce que j'appelais Déjà que tout seul j'ai du mal à vivre ensemble non pas une structure - c'est comme si tu disais qu'il manquait la colonne vertébrale à un squelette - mais plutôt une couche, une membrane permettant l'échange. Du coup, j'ai commencé à.
Ca donnerait ça, (fais gaffe, c'est une prépublication).



  
Il y a des vies comme ça où tu regretterais presque d’être venu. Des moments où tu aurais honte d’être, tout court.
Des parents qui t’aimaient – et t’aiment encore, ces cons – un ou une life partner en qui tu oses avoir assez confiance pour arborer en sa présence tous tes doutes ; des enfants, des loisirs ou des animaux de compagnie, selon tes choix et tes goûts politiques ; des potes avec qui boire les soirs de soif et pleurer les jours de joie ; un métier – on l’oublie souvent, maintenant que seul le travail est à la mode, mais détenir un certain savoir-faire rétribué de façon satisfaisante reste une source de bien-être moral ; bref, tous ces trucs de confort, que tu as, qui t’entourent, et même allons donc pourquoi pas un bon gros malheur, mais un malheur identifié, une tragédie personnelle face à laquelle tous les jours tu peux faire preuve d’une belle résilience – bin, tout ça, ça te fait ce qu’on appelle une vie.
Tu la regardes de temps à autres, comme ta gueule dans la glace, et tu te dis, oh, tiens, c’est ça ma vie. Et tu fredonnes – couillon comme tu es, ça peut même être un truc du genre Alain Barrière,  Frankie Sinatra ou Laisse-moi kiffer la vibe avec mon mec (avec la voix de Brassens, ploum-ploum).
Tu vis, quoi. Ce qui constitue à la fois un truc d’une banalité affligeante et le machin le plus rare dans l’univers. A ce qu’on en sait en tout cas.
Puis un jour tu te dis qu’au fond…
Ce n’est pas que tu ne mérites pas tout ça. C’est que ça se casse la gueule. C’est que ça n’a plus le goût, le vrai d’avant. C’est que les hirondelles meurent, les banquises fondent, les fachos se réchauffent ; les temps sont durs, le temps est moche, le climat se dérègle.
La nuit, quand tu te réveilles, tu te dis que tu vas mourir. Ça te fout des trouilles affreuses qui remontent du ventre, ça te brûle l’œsophage ; et tu te mords les lèvres, amer, pour éviter de hurler, de pleurer. De réveiller ton ou ta partenaire, à côté de toi dans le lit, qui dort et qui s’en fout. Qui n’a même pas idée du profond où tu te débats.
Quand tu regardes une pierre, tu te dis qu’elle sera là quand tu n’y seras plus. Et tu trouves ça injuste – c’est con, une pierre, Spinoza le dit toujours. Quand tu regardes un jardin, tu te dis que les mauvaises herbes l’envahiront. Qu’elles gagnent toujours à la fin. Que ce qu’on t’a raconté dans les films et les livres – avec les gentils qui triomphent, les bons qui pardonnent aux méchants, l’héroïne qui vécurent longtemps – c’est du flan et rien d’autre. Du doux sucré qu’on te vend pour éviter que les voies des métros ne soient encombrés de cadavres de suicidés. C’est vrai, il y a des fois où dans les transports en commun te prend l’envie de hurler aux autres Mais putain réveillez-vous on va tous y passer. Ou de les buter parce que tu les détestes – là aussi, ça dépend de ta sensibilité.
Et là, tu as beau te souvenir qu’à un moment on t’a aimé… ça ne marche plus. Tu as la mémoire du cœur aux abonnés absents. Tes parents ? Alors peut-être qu’ils t’ont donné la vie, mais pour un misérable coup de bite, combien de traumatismes, combien de mensonges, combien d’injustices t’ont-ils fait endurer ?
Ton amant amante mari femme maîtresse compagne compagnon ? Parlons-en ; son incapacité à te comprendre, à te saisir, à te suffire, à t’apaiser ne prouve qu’une chose : l’immense nullité de ta vie.
Comment ça, tu es seul(e) ? A fortiori.
Seul. C’est exactement ça. Il n’y a rien – rien d’autre que les mensonges qu’on nous vend pour éviter qu’on ne hurle et ne panique, qu’on ne rue dans les brancards comme le petit veau qui découvre autour de lui l’odeur de la mort. La vie n’est ni une tragédie ni une comédie : c’est une aberration. Les liens tissés avec les autres ne sont qu’hypocrisie, ils se désagrègent autour de toi. Ton passé ? Je t’en prie. Ton passé n’est qu’une suite de regrets ; tu as toujours fait les mauvais choix – d’ailleurs, tu n’as jamais eu le choix – d’ailleurs, tu n’as jamais rien fait. D’ailleurs il n’y a rien à faire.
D’ailleurs, tu n’es plus tellement sûr d’être là. D’être tout court. Quant à l’avenir, c’est une farce.
Les autres, peut-être, peuvent trouver du bonheur. Tu ne leur arrives pas à la cheville. Pour cela, tu les détestes. Et en même temps, tu les méprises – les naïfs. Les stupides. Ils ne te méritent pas.
Comme tu es lucide. Comme tu comprends le monde.

C’est à peine si le terme dépression te vient à l’esprit.

(première nouvelle : Achever)


La fin du monde tombe toujours un dimanche soir. Tout s’éteint : les lumières, le courage, l’espoir.

4. Tu es encore là ?

Autre chose. Elle m'a vu dans une émission (pas sûr que ce lien marche, faudra que tu me dises).
Elle m'a demandé de devenir son lu. Aujourd'hui, j'ai accepté.
Je serai son comédien.