29.10.09

759 - Premières fois


Depuis ce qui fut ma chambre d'ardolescent, et pour répondre à un double tag d'Oh et Frédérique Martin...



La première fois que de ma langue, il y avait un appareil dentaire, le goût fade de la salive, les yeux vifs d'une Elisabeth à qui je plaisais, et qui me faisait peur ; et derrière la porte du préfabriqué de l'étude, sans doute la moitié d'une classe, ou bien l'avis des autres, ou ce qu'on m'avait dit, ou l'envie de connaître, qui me poussaient.

La première fois que mon sexe, il y a eu du sang. Nous avons ri de laver les draps. Ce n'était pas le sien.

La première fois que ce fut sa première fois à elle, j'ai eu peur de la blesser - toute une vie, employée à me faire pardonner.

La première fois que dans mon ventre est née une jouissance, j'étais amoureux, éperdument ; elle était en colère, de ne pas avoir joui.

La première fois que nous étions un peu plus de deux, je m'inquiétais des conséquences, et des dangers - je comptais sur l'alcool pour effacer les bulles de doutes dans ma tête. Nous restons toujours assez nombreux, là-dedans.

La première fois que j'ai fait l'amour sous un arbre, je me suis rêvé chêne, et pin parasol.

La première fois que j'ai fait l'amour à une fille, de tout mon coeur je désirais la rendre vierge.

La première fois que j'ai fait l'amour à une femme, j'ai douté d'être un homme.

La première fois que j'ai fait l'amour à une amie, je me suis demandé si je faisais l'amour avec elle.

La première fois que j'ai fait l'amour à une autre, j'aurais voulu me retrouver.

La première fois que j'ai fait l'amour, elle m'a dit que je baisais bien.

La première fois que je t'aimerai, j'aurai enfin appris à ne plus avoir peur de moi-même, et des dents, et du sang, et des fleurs dans mon ventre ; j'aurais appris à ne plus attendre une première fois, à ne plus rêver de pousser les portes, mais à marcher calmement, sur un chemin entre les arbres, au milieu de l'automne.




Oui, bon, deux posts en même temps, c'est les vacances... Et j'avais oublié la règle de ce jeu, qui consiste à contre-tagguer mes petits camarades ! Ce serait donc au tour, si ça leur dit, d'Emmanuelle Urien, Zoë Lucider, Mam'zelle Luna et Caillou tendre. Et puis de Rouge, aussi, pour faire bonne mesure...

758 - Fils de la vierge


Et parce que toi, ma douce ma beauté (pardonne-moi ce satané possessif), parce que toi un instant tu doutes, parce que la déception la vexation la non-réalisation des choses encore,

Parce que je veux te protéger et te voir éclore (pardonne-moi ces satanées désirs de changement), parce qu'aussi je n'ai pas toujours la force de forcer tes doutes,

Parce que nous sommes si près et tellement à distance, aujourd'hui ou parfois,

Parce que ta splendeur noire, parce que nos folies sages et nos confiances fragiles,

Parce que nos amours nos envies parfois autrement,

Parce que tout cela je regarde les fils de la vierge, sur l'orange du sol, dans le vif du soleil,
J'en vois deux, deux brillants encore, parmi des millions,
A la conjonction exacte de l'air de la lumière, au ras du sol,

Je regarde les arbres qui laissent tomber leurs feuilles dans un bruit de papier, les cailloux du chemin balayés, la rampe de métal où je m'accroche, capitaine solitaire, pour une cigarette qui me reproche de ne pas assez aujourd'hui

Cueillir les roses, malgré les épines,
Aimer, dans les limites du déraisonnable,
Te fabriquer la vie où nous nous rêvions mages ;

et repousser la fatigue, le froid, le besoin pathétique du feu de la lumière
et rêver de nos ventres apaisés, de nos coeurs en confiance,
du sourire qui ravit l'arrière de nos crânes,

respirer, dans le silence,
au milieu de l'automne
éphémères fils qui élèvent
dans un réseau de vent le sol de nos pensées.

27.10.09

757 - MArdi, je te raconte


Bien calée sur ses pattentacules postérieures, la pléïstéchione fixait Esag d'un oeil inexpressif.
- C'est de ta faute, sale truc ! tonna-t-il. C'est toi qui l'a fait disparaître, c'est toi qui me l'a volé !
La pléïstéchione émit un petit couinement, comme terrifiée par le reproche.
Esag soupira ; ses épaules s'affaissèrent. Inutile de s'en prendre au petit animaltruc : elle ne pouvait être responsable de la disparition de Rahoul.
Car l'enfant des cavernes s'était bien volatilisé. Cela n'avait pris que quelques secondes. Il était devenu pâle, puis transparent, puis il était devenu... ailleurs. À présent, Esag se trouvait seul, au centre de l'Arbre, en compagnie de l'animal de compagnie. Il avait fouillé chaque recoin de la caverne où il se trouvait - façon de parler, car la caverne, rose, chaude et obscure, ne recelait aucun recoin ; il avait appelé, hurlé, prié. Rien n'y avait fait : son fils n'était plus avec lui.
Au fin fond de sa caboche des cavernes, Esag tentait cette opération compliquée que son fils appelait "réfléchir".
Voyons... comment tout cela avait-il commencé ? Il y avait eu les histoires racontées par le sequse au creux de l'Arbre, et avant cela la chute dans l'Arbre, et avant cela les longs moments où ils étaient restés sur la plateforme au sommet de l'Arbre, et avant cela... Non, pour le cerveau d'Esag, remonter aussi loin était trop complexe. Il devait commencer par le début.
Au commencement...
Au commencement...

La pléïstéchione clignota furieusement. C'était ce qu'elle faisait toujours quand elle avait quelque chose à dire.



Illustration : Quelqu'un fait de la figuration, ep.

26.10.09

756 - Il se pourrait


Il se pourrait que se passe, dans le sombre des neurones, comme un embryon d'histoire.
Il se pourrait que tu rêves, et que tes rêves exaspèrent la réalité comme un stator défie un rotor.
Il se pourrait que tu te demandes - et que tu te demandes ce que tu te demandes.
Il se pourrait que tu sois perméable au charme, ouvert peut-être un peu trop - et sur ton ventre le poids du mot coupable.
Il se pourrait que tu perdes pied à trop chercher sous la surface le grain des certitudes.
Il se pourrait aussi que l'hirondelle, que l'étincelle, que le feu de cheminée ; que le nouveau, que l'incroyable, que le beau, également.
Il se pourrait que tout arrive.



Illustration : "Quelqu'un par hasard", ep.

22.10.09

755 - Dissolution


(Hier soir je pensais à dissoudre ce blog. Pour le remplacer par un autre, ou pour décrocher, qui sait.
Une idée comme une autre).

Aujourd'hui, j'ai réunionné dans l'éducation nationale. Ca m'a rappelé des souvenirs. Ce qui était nouveau, c'est que j'écoutais peut-être davantage qu'avant. Et qu'un de mes collègues, charmant au demeurant, a lancé qu'une galerie de supermarché était un endroit idéal pour les collégiens.
A cause des vigiles qui les empêchent de faire des conneries.
Je n'ai rien dit, non plus.

On a parlé de drogue. De cet affreux cannabis dont les élèves plaisantent, et qu'il faut maintenir le plus loin possible de nous. Enfin d'eux, parce que pour moi, c'est limite déjà trop tard.
Oh, et de ce terrible dealer à capuche qui hantait les abords de l'établissement. On avait même son prénom. Kevin.

En sortant, j'ai vu ce jeune type que je croise souvent, qui m'a taxé une clope il y a quelque temps. Il avait une capuche.
Et il portait le même prénom.

Alors, j'ai parlé un peu avec Kevin.
Qui, viré d'un lycée de la région, glandouille dans le coin en attendant un préapprentissage de maçon. Qui se sent en colère parce que l'infâme principale (il faudra que je vous en parle, un jour) le piste. Qui connaît quelques-uns des élèves, ceux qui "piquent du shit à leurs parents".

Qui comprend qu'il serait sans doute un peu plus malin d'éviter les abords du collège, pendant quelques temps. Voire de déconseiller la fumette à ces petits jeunes qui le regardent comme un cador.
Ou qui ne comprend pas, ou qui s'en fout, mais voulait bien me faire plaisir en disant que.

Je suis parti content. J'avais vu des humains.

754 - Avis de recherche


Avez-vous déjà essayé de chercher le mot "dieu" sur Youporn ?
Bin il ne se passe rien.
Ca donne à réfléchir.

20.10.09

753 -MArdi, je te raconte


Mais Rahoul ne répondit pas. Les yeux mi-clos, les doigts crispés sur les écailles de la pléïstéchione, il jouait à ne pas être là.
Le sequse ne bougeait plus. De fait, rien ne bougeait plus. C'était comme si Rahoul, en jouant avec la bête, avait suspendu le temps. Esag faisait tout son possible pour réagir, pour s'agiter ; mais une lourde chappe de brume s'était abattue sur lui, comme quand il rêvait ou qu'il avait bu trop de jus de coco avec ses potes du village. Ses jambes étaient si lourdes qu'il ne pouvait plus les remuer. Malgré tout, ses bras se tendirent vers son fils, comme au ralenti ; sa voix trembla quelque part au fond de sa gorge, cherchant à crier son nom.
Ses yeux, remplis de larmes, virent Rahoul s'effacer peu à peu, puis disparaître complètement.
Et Esag se trouva seul dans l'arbre.

17.10.09

752 - L'enseignement, c'est facile


Si, si, facile, je vous promets.
Tu te dis que lutter contre le bruit mouvant, tenter d'éveiller, proposer, rester juste, écouter, cadrer, relancer / et lutter à nouveau contre le bruit mouvant est une tâche, sinon impossible, du moins ingrate.
Tu te dis que tu aimerais bien parler avec tes collègues d'autre chose que du comportement de Mickaël de 5eB qui vraiment exagère, ou de la machine à café qui de façon insupportable ne fonctionne pas aujourd'hui.
Tu te dis que, tant qu'à attendre la prime de départ proposée par notre gentil gouvernement de droite, tu pourrais jeter tes mille derniers feux, inventer quelque chose,
et soudain tu te retrouves avec trente ados fascinés, prêts à en découdre avec les livres,
tout simplement parce que tu as lu. Une histoire.

Il s'agissait hier de Zéro le monde, de ma copine Frédérique Martin. Si vous avez de l'ado vers chez vous, n'hésitez pas : ça marche à fond. Une heure de lecture à voix haute, de partage, et voilà que mon cours ressemblait à une heure idéale.

Mais, hurlait une voix au fond de ma tête, qu'aurait dit l'Inspecteur, cet épouvantail que les profs s'agitent à eux-mêmes, qu'auraient dit les parents d'élèves, qu'auraient dit les collègues ?
Je l'ignore ; sans m'en ficher, j'aurais pu hier opposer un joli prétexte : mes difficultés à écrire au tableau, suite à une magnifique gamelle à vélo exécutée sur terre glissante en arrivant au collège, et qui m'avait laissé un pouce de la taille d'un pied.
(nb : mauvais prétexte, car mes élèves savent très bien que j'écris des deux mains)

Et vous saviez ce qui m'inquiétait, pendant que j'essayais en vain de bouger mon pouce sans avoir mal jusqu'aux cheveux ? Le fait que je risquais de ne pas pouvoir assurer la partie musicale des lectures que le théâtre du Pavé nous a invités à donner ce soir... Mais l'arnica aidant, tout est rentré dans l'ordre ; d'ailleurs, je le vérifie en tapant le plus de mots possible.

Bon bin voilà : autopromo, récit, réflexion, thérapie : le post du samedi est bouclé.

15.10.09

751 - Une froid n'est pas couture


À de très rares exceptions près, ce blog n'est pas polémique. C'est peut-être du à ce que mon Freud intérieur appelle mon horreur des conflits (je n'aime que ceux de canard), peut-être aussi à cette idée que vanitas vanitatis et tout ce genre de chose, ou encore à l'opinion que mes avis sont transitoires, personnels, conditionnés et sans grande importance.

Mais quand je fais face au scandale, je sais me dresser tel un preux chevalier. Comme ça, hop. Ou comme un talonneur refusant la défaite odieuse.

Et là, c'est ce que je fais.
Hop, je me dresse.

rtouiaioudn,f

Bon, je me rassieds pour écrire, sinon ça.

Voilà-t-y-pas que dans mon métier-d'enseignant-que-j'ai-pour-quelques-semaines-encore (devant les monceaux de traductions qui s'empilent devant notre porte et l'amicale insistance des ministères de M'sieur Nico pour que les fonctionnaires aillent fonctionner ailleurs, cela ne devrait pas durer plus longtemps), dans mon métier donc, j'ai commandé pour mes petits 5e mignons (bande de p'tits cons) des exemplaires d'un livre que j'adore, et qui en plus est au programme, Yvain, le chevalier au lion.

De Chrétien de Troyes, Mickaël, pas de collection Hachette.

Je l'ai commandé par le truchement d'un vieux copain, dont la librairie-tartinerie gersoise vient d'ouvrir un satellite miraculeusement situé à quelques dizaines de mètres à peine de mon petit collège toulousain. Au vieux copain en question, j'ai demandé "l'édition la moins chère", pour éviter que l'élève ou sa famille ne hurle aux petits pois (expression maternelle qui va très bien ici, non ?)

Et j'ai eu la moins chère. 2,95, p'tain, c'est pas cher.

Sauf que.
La moins chère, c'était Bibliocollège de M'sieur Hachette.
Et là.

Bon, j'aurais dû m'en douter ; déjà qu'un jour M'sieur Folio m'avait fait le coup avec L'astrée d'Honoré d'Urfé, j'aurais pu réfléchir qu'on se permet de trancher des auteurs dans des livres.
Ce n'est pas Yvain, le chevalier au lion, mais Yv, l chlier a lon.

Des extraits. Je hais les extraits. Surtout quand ils sont coupés de pages genre torche-cul avec des question pédagogiques pourries.

Mais ce n'est pas ce que j'ai vu en premier. Ce qui m'a sauté aux yeux, c'est, ligne 10 de la première page, cette phrase :
Ce jour-là, beaucoup s'étonnèrent de ce que le roi se leva d'entre eux et se retira.

Non, mais vous avez vu ?
Se leva. Se retira.

Ce n'est pas juste une inconséquence, genre les dizaines de coquilles qui parsèment le texte ; pas une lourdeur supplémentaire parmi les centaines qui peuplent la traduction ; pas une injustice flagrante envers la beauté du texte, coupé dirait-on au hasard.

Ca, mon vieux, c'est une bonne grosse merde de conjugaison.

Et à moins qu'un lettré plus fin que moi me dise le contraire, quand on veut foutre un subjonctif après "s'étonner de ce que", on peut en rester au présent quand on ignore que le passé se conjugue "levât" et retirât".

Je me sens - sans ironie aucune - d'humeur à pourfendre.

Parce que les petits et moyens éditeurs avec qui je bosse paient des correcteurs pour éviter ces horreurs ; parce que des bons traducteurs d'Ancien Français, et des bonnes traductions d'Yvain, il en existe ; parce que cette collection prétendument démocratique traite ses lecteurs par le mépris. Parce que ces enfoirés d'Hachette trustent les librairies et les hypermarchés avec des livres mal faits sous couvert de culture. Parce que les petits éditeurs ne pourront pas cette année participer au Comice du Livre, pour cause d'augmentation de 115% du prix du stand. Parce que ce que j'ai vu sur les e-books ressemblait fortement à ça.

Parce que, merde.

Bon, voilà, j'ai fait mon courroux. Si mes 5e sont branchés, on pourra toujours travailler la lettre d'argumentation (programme de 4e) pour réclamer le remboursement de nos 29 exemplaires...


J'en déduis que j'ai encore une vague fibre littéraire - ce que me contestait la semaine passée un certain LLDL sur le blog "Tempête dans un encrier". On l'attend d'ailleurs au tournant, puisque j'ai défié le monsieur demain à la première heure, en lui laissant ma colonne...


En attendant les répercussions de ces vaines querelles, et tant qu'on est entre nous,


Li boins roys Artus de Bretaigne,
La qui proeche nous ensengne
Que nous soions preus et courtois,
Tint court si riche conme rois
A chele feste qui tant couste,
C'on doit nonmer le Penthecouste.
Li rois fu a Cardoeil en Gales;
Aprés mengier, parmi les sales,
Li chevalier s'atropelerent
La ou dames les apelerent
Ou damoiseles ou pucheles.
Li un recontoient nouveles,
Li autres parloient d'Amours,
Des angousses et des dolours
Et des grant biens qu'en ont souvant
Li desiple de son couvant,
Qui lors estoient riche et gens;
Mais il y a petit des siens,
Qui a bien pres l'ont tuit laissie,
S'en est Amours mout abaissie;
Car chil qui soloient amer
Se faisoient courtois clamer,
Que preu et largue et honnorable;
Mais or est tout tourné a fable,
Car tiex y a qui riens n'en sentent,
Dïent qu'il ayment et si mentent,
Et chil fable, menchongne en font
Qui s'en vantent et droit n'i ont.


Aargh... je crois que j'ai jouissé.
Même si mon Français médiéval est sacrément rouillé, mon sens de traducteur en frétille de partout.

14.10.09

750 - Dis-toi bien

Dis-toi bien que tu te moques des commentaires, de leur présence ou de leur absence ; dis-toi bien que tu te moques d'attendre, de l'impatience qui naît devant les projets qui s'empilent, les hésitations de l'éducation nationale, du sentiment de vague ennui quand tu prends ton vélo sur le bord du canal pour aller parler littérature et pronoms personnels à des plus jeunes que toi qui sont au moins aussi couillons et géniaux que le jeune que tu as pu être ; dis-toi bien qu'il est sans importance que ton travail soit morcelé professionalisé remis à demain ; dis-toi bien que tes rêves de gloire, ou de reconnaissance, s'effaceront peut-être ; dis-toi bien que la sérénité que tu dis rechercher, peut te tomber un jour sur le coin de la gueule - et que tu te sentiras sans doute inquiet d'être si serein, serin.
Dis-toi bien que tes rêves, tes projets tes désirs, n'ont pas plus d'importance qu'un grain de silice d'un désert austral ; dis-toi bien qu'ils n'ont pas moins d'importance que la graine d'une fleur dans ce même désert.
Dis-toi bien qu'il n'y a sans doute que cette vie, qui fait étrange s'appelle la tienne ; dis-toi bien que la défaite, au rugby comme ailleurs, est aussi un moment de victoire sur ton goût du triomphe.
Dis-toi bien que tes mots sont les mêmes que ceux des autres, que ta bouche n'est qu'une bouche parmi des milliards, que ton ventre mérite que tu t'y arrêtes, en passant.
Dis-toi bien que ce que tu te dis, que tu te répètes, n'a que la force d'un souffle d'air perdu dans le vent.

13.10.09

749 - MArdi, je te raconte


Plonk, fit la pléïstéchione en tombant au creux de l'Arbre.

Chose étrange, Rahoul et son père ne la remarquèrent pas tout de suite ; ils étaient encore plongés dans une histoire racontée par le sequse.

Plunk plunk fit la pléïstéchione pour souligner sa présence.

Rahoul, comme à regrets tourna la tête vers elle.

- Oh, Papa, regarde. La pléïstéchione nous a rejoints.

Sa voix était lente et son enthousiasme curieusement lointain. Était-ce que les histoires commençaient à déteindre ? Était-ce que le temps passé au coeur de l'Arbre avait changé Rahoul ? Il saisit la pléïstéchione et se mit à jouer avec elle, comme il l'avait fait si souvent, avant, quand ils vivaient dans la jungle.
Machinalement, il commentait ses gestes (Papa, tu as vu, quand on appuie là, on). Machinalement, Esag ne l'écoutait pas.

Quelque chose était cassé. Quelque chose ne les reliait plus. Quelque chose leur faisait peur dans cette formidable machine à histoires que semblait constituer le sequse au creux de l'Arbre.

Et, papa, quand on appuie là et là en même temps, ça.

Esag, dans son crâne épais d'homme des cavernes, luttait pour se souvenir. Il avait, il le savait, une vérité à dire, une histoire à raconter. À raconter à son fils, son fils unique. Il devait, il aurait dû, il était obligé de...

Mais au creux de l'Arbre ses souvenirs se brouillaient, ses pensées s'effaçaient comme les doigts de la brume matinale quand le soleil apparaît.
Sauf qu'il n'y avait pas de soleil.

Esag prit soudain conscience que son fils, son Rahoul, les yeux rivés sur la pléïstéchione, les mains crispées sur sa carapace, semblait devenir moins solide, moins réel - transparent, presque.

- Rahoul ! hurla-t-il.

11.10.09

748 - Grizzly aussi


... non je n'écris pas le dimanche,
mais le samedi, avec Marie Lamarche,
(le photomontage "Happy bear" est d'elle)

je fais de la musique,
qui s'écoute sur LoFi.

(et que je tente de mettre ici aussi, mais bon, ça n'a pas l'air de).

Pensez aussi au festival mondial de nouvelles de La Clayette et au salon Toulouse Polars du Sud si votre dimanche manque de livres...








9.10.09

747 - 1664, la pièce qui fait aimer les pièces


Paratexte : Au bar des Zoteurs, Molière et Racine discutent d'une pièce d'icelui ; entre Corneille.



Scène 2 : Molière, Racine, Corneille

corneille : Salut les nains, ça va ? Vingt dieux, fait chaud ici,

Ca manque d’un gorgeon !

moliere : Demande à Milady.

corneille : Ah non, Molière non ! Pour le vers, t’es bonnard,

Mais pour la rime, vieux…

moliere : Bin là, j’aurais « canard ».

corneille : C’est riche, mais boiteux. Le sens, tu l’assassines.

Et qui vois-je donc là ? C’est le jeune Racine !

racine : Monsieur, c’est un honneur que vous vous rappeliez

Mon nom, et mon visage…

corneille : Oh c’est bon, fais pas chier.

Les faux alexandrins, laissons-les à Molière.

Qu’est pas foutu d’en faire un correct. C’est pas sa faute. Il a jamais compris pour le « e » muet. A cause de son accent de plouc.

moliere : Merci. Ca fait toujours plaisir. Et puis des alexandrins, j’en fais quand je veux. C’est juste que… c’est surfait.

corneille : Surfait, l’alexandrin ?

moliere : Mais ouais, c’est toujours le même truc, avec vous les tragédiens. Et bla bla, blablabla, blablabla blablabla / blablabla blablabla blablabla blablabla. La césure et tout le bordel…

corneille : La césure te gêne ?

moliere : Tu vois. Tu parles en hémistiches.

Ca fait vieux. Ca fait con. Ca fait prof à barbiche.

corneille : Eh bin ça vient !

racine : Messieurs, s’il vous plaît…

moliere : Non, mais c’est vrai, regarde le jeune. Il fait même une diérèse sur messi-eurs pour que ça compte… C’est un tic que vous avez. Un tic.

racine : Et pour ma Thébaïde ?

corneille : C’est quoi, le nom d’un claque* ?

(* version light : « d’une bière »)

racine : Une pièce, Monsieur.

corneille : Au nom, déjà : un bide.

moliere : Vous arrêtez avec vos alexandrins, ou je pète un truc. Bon. Corneille, ça te dit quelque chose, à toi, cette histoire ? Paraîtrait que j’ai dit au gamin que j’allais monter sa tragédie.

corneille (à Racine) : Tu veux que Momo monte une de tes tragédies ? Là, c’est plus un bide, c’est une catastrophe assurée.

moliere : Des tragédies, j’en ai déjà…

corneille : Raté. T’en as déjà raté. Et puis pas un peu. Tu te souviens de la fois où…

moliere : T’arrête. T’arrête là ou je te colle une stichomythie dans la gueule. OK ? J’ai monté des ballets, des tragicomédies…

corneille : Oui, avec le Rital, mais tout seul…

moliere : Tout seul je monte ce que je veux. Si je veux monter la pièce du jeune, je monte la pièce du jeune. Et pareil je la montre au Roi.

corneille : A Loulou ? T’oseras jamais (à Racine) Gamin, fais gaffe parce que…

moliere : Stop. Tu paries que je la monte ? Tu paries ? Tu paries. (Ils topent) Bon voilà, ça roule, je la monte. T’es heureux, gamin ?

racine : Monsieur, si vous saviez…

moliere : Oh ça va. (un temps. *La version light coupe ici*) Mais sérieux, Corneille, je l’avais dit ?

corneille : Je ne sais. C’était quand ?

racine : C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit…

corneille : Mollo sur les citations, gamin.

racine R : Nous étions au sauna…

corneille : Attends attends… ce soir-là ? Quand il a dit « ça a l’air classe, je vais la monter » ?

racine : C’est ça, exactement.

corneille : Ah (il rit) Oui oui oui oui oui… Molière tu l’as dit,

J’étais là, je t’assure. C’était un vendredi,

Et Lulu-la-gambette avait juste reçu

Ce jupon oriental qui lui faisait un…

moliere : Le truc en cuir ? C’était géant. On était surbourrés, ce soir-là. Et le jeune qui nous déclamait ses alexandrins. Ca me revient.

corneille : C’est là que tu l’as dit.

moliere : Que j’allais la monter ?

corneille : Je te le garantis.

moliere : Oh merde. Mais… (un temps. Il rit) Le prends pas mal, petit. C’était juste ce truc italien, là, un antipasti… (*version light : Mais sérieux, je l’ai dit ? C’était pas un truc italien, là, un antipasti ?)

corneille : Un quiproquo ?

moliere : Un p’tit croco, c’est ça. Bon, bin j’ai parié. On en reparle tout à l’heure. Je vais m’en jeter un, moi, ça m’a démonté, cette histoire.

(il sort)

(à suivre…)


7.10.09

746 - Prépare tes cours, suite


1664 : une comédie

Les personnages :

Molière, dit "Momo" ; Racine, dit "Le jeune" ; Corneille dit "Le vieux" ; Lully, dit "Le rital" ; Cyrano de Bergerac, dit "Tarin" ; Boileau, dit "Qui t'es toi ?" ; Fouquet ; Colbert ; un membre anonyme du clergé ; Louis XIV, dit "Loul" ; William Shakespeare (en fantôme), dit "Gros Bill" ; Philippe Caubère, dit "L'extra-terrestre"

Acte I, scène 1

Le décor : la salle principale d'une auberge (attenante à un bain turc). Molière, seul à sa table, regarde autour de lui. De temps à autres il note quelques mots sur un parchemin.

Entre Racine.

RACINE : Heu... M'sieur ?

MOLIERE (sans lever la tête, le prenant pour le serveur) : Oui... Vous me remettez une mousse, s'il vous plaît ?

RACINE : M’sieur Molière, excusez, c’est moi.

MOLIERE (levant la tête) : Toi ? Qui ça, toi ? Ah oui, le jeune, comment tu t’appelles… Mousse ? Branche ? Terreau ?

RACINE : Racine, M’sieur. Jean Racine.

MOLIERE : Oui, c’est ça. Et qu’est-ce que tu fais là ?

RACINE (hésitant) : Je venais vous voir.

MOLIERE : Ben tu m’as vu, tu peux partir maintenant… Non, je rigole, te vexe pas, petit, dans le métier, faut savoir, hein… Alors, qu’est-ce que tu lui veux à Monsieur Molière ? Un p’tit rôle ? Un p’tit conseil ? Le numéro d’une petite comédienne ? Hein, le p’tit numéro ? Je les connais, moi, les jeunes, toujours, hein ? T’as frappé à la bonne porte, le jeune, parce que le Molière, il en connaît des…

RACINE : C’est pas ça, M’sieur, c’est pour ma tragédie. La Thébaïde. Vous m’aviez dit que…

MOLIERE : Oh la, je t’avais dit quoi ? Quand ? Parce que bon, moi, la tragédie, hein... C’est pas que je peux pas, c’est que ça me gonfle. Et de l’alexandrin par-ci, et du roi mort par-là, tu vois le genre. On a déjà…

RACINE : Vous m’aviez promis que vous la monteriez.

MOLIERE : T’as dit quoi, là ? « Vous m’aviez promis que vous la monteriez » ? (il compte sur ses doigts) 6, ouais, 12… Ah t’es pas loin, hein. Presque… Et même, si tu fais une diérèse... « M’avi-ez promis que vous la monteriez », oui, ça fait 12. C’est moche, mais ça fait 12 (un temps) Alors comme ça, je dois te monter une tragédie ? J’ai dit ça ?

RACINE : C’était un soir, ici, un peu tard… Je vous en ai lu un passage, vous étiez avec Corneille, là, en bas, dans la salle… Et vous m’avez dit « Ca a l’air classe, je vais la monter ».

MOLIERE : Moi ?

RACINE : Vous. S’il vous plaît.

MOLIERE : T’es sûr que c’était pas le vieux ? Corneille ? Non, parce que lui, la tragédie, c’est plus son truc…

RACINE :…

MOLIERE : Qu’est-ce que tu viens de faire, là ?

RACINE : Là quand ?

MOLIERE : Là tout de suite. Je dis quelque chose, et toi, tu fais comme si tu répondais, mais tu réponds pas… ça fait comme s’il manquait un truc, là, une réplique. C’est marrant, comme effet, ça. On pourrait…

RACINE (même jeu)

MOLIERE : Tu l’as refait, là. Tu l’as refait.

RACINE : Monsieur Molière, pour ma tragédie…

(entre Corneille)

Scène 2 : Molière, Racine, Corneille

CORNEILLE : Salut les nains, ça roule ? Mylady, tu me mets une coupette ?

(à suivre…)




vivivivivi... c'est pas tout ça, mais si je veux continuer, va falloir que je me documente. Remarque, ça doit se trouver, des infos, dans des manuels de Français...

745 - Prépare tes cours, feignasse


Dilemme : j'aimerais bien faire un post, mais voilà : j'ai quelques cours à préparer, pour des 4e qui veulent parler du récit, et d'autres qui veulent que je leur parle du théâtre.

Pour ces derniers, facile : leur manuel leur propose un cocktail Molière/Racine très chouette. Et le fait que les textes choisis soient aussi obscurs que chiants (ou l'inverse ?) ne constitue, mais non, aucune difficulté. On verra bien.

Pour le récit... bon, c'est un genre de défi qu'on s'est lancés. Je les écoutais, tout en promettant quelques sanctions s'ils ne fermaient pas un peu leur ; jusqu'à ce qu'enfin, je menace d'en démembrer un. Comme je l'ai déjà fait dans le passé.

Ce qui pourrait être, convenons-en, un récit.

Du coup, je me suis fait la réflexion suivante : peut-être qu'ils sont fatigués qu'on leur présente des textes d'auteurs morts en leur parlant, au mieux, de génie et de perfection. Qu'on leur montre des modèles indépassables. Peut-être qu'ils auraient envie de mettre un peu les mains dans le cambouis littéraire, plutôt que de tenter de s'extasier sur commande à propos de statues.

Oué, donc,


Comment j'ai démembré un élève,
par le petit Emmanuel Plisson, proffe de français à 16 heures


Alors l'élève il me disa, je fais le bruit que je veux parce que je lui avais dit qu'il se taise. J'étais professeur dans le collège, et les élèves n'écoutaient pas. Ils faisaient du bruit et faisaient autre chose que ce que le prof leur demanda.
Le prof avait regardé l'élève qui faisait le plus de bruit, il s'appelait Imanol. Il lui disa tais-toi. Il était en colère. C'était un élève grand, très mal coiffé, avec un blouson en cuir et un walkman sur sa tête. Le professeur était très en colère, dans sa tête il se disait qu'il allait faire quelque chose, et l'élève fit semblant de ne pas entendre, alors le professeur le menaçait mais l'élève faisait toujours semblant de rien. Alors le professeur commença à regarder l'élève, et il s'approcha de lui, et il lui prena le bras et il tira très fort pour le faire lever, mais l'élève ne bougeait pas alors le prof tira plus fort, et soudain le bras se détacha. Il y avait plein de tripes de bras partout et du sang, et les élèves criaient, c'était l'horreur, mais le prof était devenu fou et tira sur les autres bras et les jambes et à la fin il ne restait qu'un tronc, et là le prof se pencha et disa "comme ça tu vas m'écouter."

Ordre du récit, valeur des temps, point de vue, lexique : y'a de quoi faire, non ?


Pour le théâtre, faudrait que je fasse des recherches quand même. Savoir si Momo, Coco et Sissy se sont rencontrés. Patrons de théâtre à Paris, tous plus ou moins clients de Loulou 14, ils devaient quand même se voir des fois en terrasse, non ?

Ouh là mais non ; cet article semble indiquer que tout ça était plus compliqué : Corneille aurait écrit les comédies de Molière (ce qui laissait sans doute le temps à celui-ci d'écrire les comédies de Shakespeare). Ce qui a d'ailleurs donné naissance à une pièce, donc ce n'est probablement pas la peine que j'en écrive une ce matin. Et qui pose des questions sur le nom même de ce fameux Molière, pseudo qui trahissait de toute évidence son homosexualité.

Merde, il y avait tout un complot là-dessous, et je n'en étais même pas conscient.

Et côté Racine ? Bon, il s'est disputé avec Molière en 1665, c'est un bon début. Oh, et puis il a eu de nombreuses églises et de nombreuses femmes. Ce qui tendrait à le rendre en partie sympathique. Quant à Shakespeare, mort en 1616, il va me falloir de l'imagination pour l'amener là-dedans. Même en imaginant qu'il était le père de Cyrano de Bergerac, né en 1619 (mais ça s'explique, hein, une histoire de cryogénisation artisanale et le tour est joué).

Bon, je m'égare. Mettons, ça se passe en 1664, année qui sonne frais à la bouche. Et qui ferait un bon titre.

1664 : une comédie


Les personnages :

Molière, dit "Momo"

Racine, dit "Le gamin" Corneille dit "Vieux" Lully, dit "Le rital"
Cyrano de Bergerac, dit "Tarin"
Boileau, dit "Qui t'es toi ?"
Fouquet
Colbert Un membre anonyme du clergé
William Shakespeare (en fantôme), dit "Gros Bill"
Philippe Caubère, dit "L'extra-terreste"
Louis XIV, dit "Loul"


Acte I, scène 1

Le décor : la salle principale d'une auberge (attenante à un bain turc)

Molière
, seul à sa table, regarde autour de lui. De temps à autres il note quelques mots sur un parchemin.
Entre Racine.

RACINE : Heu... M'sieur ?
MOLIERE (sans lever la tête, le prenant pour le serveur) : Oui... Vous me remettez une mousse, s'il vous plaît ?



Bon, bin manque plus qu'une intrigue...

6.10.09

744 - MArdi, je te raconte


Note d'information à nos lecteurs de retour de l'île Maurice et autres amateurs de paratexte : depuis le 27 janvier, MArdi se raconte l'histoire de Rahoul, enfant préhistorique, et d'Esag, son père, légèrement angoissé. Suite à une chute dans l'Arbre de la connaissance des histoires, Rahoul et Esag sont projetés d'histoire en histoire, tout en tentant de raconter la leur.







À nouveau, le sequse bougea, et ce fut une autre histoire.

Les créatures évoluaient sans paraître s'inquiéter de la présence du père et de son fils. Minces, filantes, elles évoquaient des anguilles carnivores, ou des insectes géants aux mouvements menaçants.
Leurs gestes désordonnés, leurs déplacements aléatoires, les amenaient souvent à se frôler, voire à entrer en collision. S'ensuivait alors une brève lutte, où l'on voyait des dents briller, des éclairs crépiter ; puis la danse lente des créatures reprenait, toujours contenue - mais pour combien de temps encore ? - entre les barrières qu'on avait érigées là pour empêcher qu'elles envahissent le monde.
Le père eut une moue dégoûtée. Il n'avait jamais compris pourquoi sa tribu aimait élever, au sein même du campement, de telles abominations. Leur corps difforme, les boules hideuses qui leur tenaient lieu de tête, tout cela le mettait profondément mal à l'aise. Il aurait souhaité détruire l'enclos, brûler les caches où elles se réfugiaient - et plus que tout passer par les armes les membres de la tribu qui avaient fait ce choix.
L'enfant, au contraire, se montrait intéressé. Quelque chose, dans le grouillement des créatures, le fascinait, sans nul doute ; souvent, il s'arrêtait aux abords de l'enclos, et malgré les grognements de son père, restait debout, les pieds sur la murette, à contempler la danse étrange des monstres.
Le père redoutait que ceux-ci voient son enfant ; car même si les créatures étaient parquées et étroitement surveillées, elles étaient, selon lui, capables d'attirer à elles les âmes innocentes. Alors, tous les jours, en passant devant l'enclos, il pressait le pas, tenant fermement dans sa main celle de son fils.
Puis un matin - un matin où il rêvassait, les idées pour une fois éloignées des créatures - il sentit avec horreur la petite main glisser de la sienne ; il entendit un cri, et le bruit d'une course ; avant qu'il ait pu réagir, son fils s'était enfui à toutes jambes vers l'enclos des créatures.
Il se lança à sa poursuite, le coeur figé d'horreur. La distance lui semblait insurmontable, ses jambes paraissaient ne plus le porter. Mètrea près mètre, il voyait son retard fondre - mais cela, mon dieu, cela suffirait-il ?
Il rattrapa son fils comme celui-ci venait de poser les pieds sur la murette. Il l'attrapa par le col, et se mit à hurler.
Mais ses cris semblèrent n'avoir aucun effet ; l'enfant se tourna vers lui, les yeux brillants, et lui lança de sa voix douce :
- Mais papa, puisque je te dis que je veux y aller, à l'école !

2.10.09

743 - Depuis le matin


Le combat, plus jamais,
promettais-tu en silence,
Le conflit inutile, la lutte au goût de sang,
Les mouvements du coeur,
l'exaltation suspecte,
tu disais, jamais plus,
et la sagesse un jour.

Tu disais, jamais plus,
Et quand le jour se lève,
Tu remets tes habits,
Resserre ton manteau,
Et ceins à tes côtés ton épée inutile,
Pour rien, par habitude,
Parce qu'il faut que le coeur s'assure d'exister.