31.12.08

Useless to remember




Mercredi 30 décembre 2008 - le soleil transparent dans la boulangerie et

sur la carrosserie noire des voitures

Un homme parle trop fort / c'était mieux avant,

Ils se sourient par leur prénom

(mais la voix vient du nez, le coeur est loin encore),

Nous travaillons sans relâche nos raideurs agaçantes,

Nous avançons,

Tu sors seule et je t'ouvre la porte (mais tu ne m'as rien demandé),

J'ai oublié de penser à Nico, aux JO, au foot, au rugby, à l'Amérique,
J'ai oublié de penser aux morts, aux vivants, à l'égalité des chances,
J'ai oublié de nettoyer la cuisine,
J'ai oublié, et je m'en fous

2008 se termine et je pleure un sourire.

Comme souvent - sous le soleil, derrière la vitre - l'année qui vient est aventure.

30.12.08

Aäå Gmörks


Il n'avait aucune raison d'aimer les Gmörks : ils se ressemblaient trop.

There was no way he could like the Gmörks : they looked too much alike.

Emopzym Gmoörkis finnuym (er, er, er : iku eyah laävo !)

26.12.08

Joyeux etc


Ils rêvaient au bord du feu
De voir mourir leurs habitudes
Pour renaître - plus encore,
Pour revenir.


***********

Entendu comme crépuscule, amarre, soir de l'année : Joyeux Noël à vous. Après un raout clanique, toute une série de nouvelles promesses et une éprouvante séance de conduite sur neige, faut que je vous bise, pour vous remercier d'être là.

19.12.08

555

(ce blog prendra son rythme de croisière pour les fêtes - un petit cadeau pour vous en attendant le retour en janvier)




Aventure



Il reçut ce matin-là une lettre qui l'intrigua fort : on lui disait qu'ayant, à 37 ans, consommé 99,9% des ressources naturelles auxquelles il pouvait prétendre au cours de son existence entière (en se fondant qui plus est sur une espérance de vie maximale), il lui reviendrait dorénavant de laisser aux autres le bénéfice de la planète. Tout au plus bénéficierait-il de trois litres d'eau par jour, d'un sachet de vitamines, et d'une couverture de survie.

Il se félicita d'avoir acquis une concession dans le cimetière le plus proche : la question du logement, au moins, ne se poserait pas.






*****

Régis disait hier que les myopes réfléchissent beaucoup, parce qu'ils ne voient rien.
Personnellement, j'ai arrêté d'être myope -une opération. Je cherche encore souvent comment arrêter de penser.

18.12.08

Desseuler


Pardonne-moi de te déceler, lui hurlait-elle - elle voulait dire qu'elle sentait la faille sous ses mots.
Il entendait "desseuler" - arracher à l'état de bienheureuse solitude (aloneness, pas loneliness).
Cette nuit-là, il y avait dans leur lit un abîme ; le lendemain, ils se sourirent, un peu gênés.


****


Le théâtre bat son plein en ce moment : Maurice, Moby Dick chien et même Fred se battent pour exister. Du calme, les enfants. Il y en aura pour tout le monde - dès que j'aurai rangé mon cerveau.


*****

Les Gmörks arrivent, cette fois c'est sûr.

16.12.08

Aime et scène

lui@machin.net dit :
Je répondrai demain parce que je veux laisser aux lecteurs le temps de lire...

Elle@elle dit :
je croyais que tu n'avais plus de lecteurs...

Emmanuelle dit :
mais oui, je sais, sinon.

lui@machin.net dit :

(le brouillon)


Emmanuelle dit :
c'est beau... j'aurais juste eu envie de discerner une touche de vert pour traverser le gris de l'hiver...
manu.plisson@tiscali.fr dit :
le vert, c'est le coeur
manu.plisson@tiscali.fr dit :
j'aime bien écrire des trucs comme ça
manu.plisson@tiscali.fr dit :
il est 12.34
Emmanuelle dit :
c'est magnifique
manu.plisson@tiscali.fr dit :
je sais, je fais même pas exprès
Emmanuelle dit :
attends, j'essaie
Emmanuelle dit :
12.35
manu.plisson@tiscali.fr dit :
"cherche le vert dans ton coeur, petit scarabée"
manu.plisson@tiscali.fr dit :
ah ouais, c'est bien aussi c que tu fais. Ca suggère la déséquilibre, le rupture, tout ça
manu.plisson@tiscali.fr dit :
avec en même temps un côté super classique
manu.plisson@tiscali.fr dit :
bluffant
Emmanuelle dit :
n'est-ce pas
manu.plisson@tiscali.fr dit :
bon, j'avance encore un poil dans mes conneries et je t'emmène à Gifi ?
Emmanuelle dit :
oh oui fais moi rêver
manu.plisson@tiscali.fr dit :
(je sais, c'est dangereux pour ta culotte, des phrases pareilles)
Emmanuelle dit :
et sinon, j'ai un raccourci pour "cherche le vert dans ton coeur, petit scarabée"

Emmanuelle dit :
"Démerde-toi tout seul"
manu.plisson@tiscali.fr dit :
c'est moins poétique
Emmanuelle dit :
c'est plus direct
manu.plisson@tiscali.fr dit :
mais le vert qui est le vert n'est pas le vert véritable
manu.plisson@tiscali.fr dit :
moi perso le vert je l'ai vu dans l'herbe sous le ciel jaune et les collines grises,
manu.plisson@tiscali.fr dit :
dans les arbres qui faisaient semblant de ne rien attendre,

Virée au gris


Il était monté dans sa voiture sans raison précise - juste l'urgence, qui le brûlait, de s'extirper de chez lui, où ses pensées anciennes s'attardaient dans l'air, comme la sueur des mauvais rêves sur des draps pas changés.

Il suivit d'abord ses habitudes : partir vers l'Est, vers le matin, le territoire de ses ancêtres. Il caressa un instant l'idée d'aller voir les terres qui l'avaient vu grandir - peut-être y retrouverait-il un peu de son innocence.

Un CD tournait dans son auto-radio -une musique répétitive, sans parole, qui battait comme un coeur.

Les panneaux indicateurs lui servirent de guide : dès qu'il repérait un nom qu'il connaissait, il prenait la direction inverse.

Il traversa des villages et des banlieues résidentielles - il lui fallut un certain temps pour se rendre compte qu'il ne voyait plus, entre les maisons vides et les voitures arrêtées, aucun signe de vie. Il croisa simplement une vieille qui prenait son courrier près d'une église en brique, et un maçon qui ne bougeait presque pas, debout sur un mur.

Les vallées et les crêtes s'ouvraient devant lui - on aurait dit des bras et des hanches, figés par l'hiver (l'hiver - c'était la saison de ses pensées).

Il s'était mis à sourire : il écoutait l'écho de ses idées fixes, qui, au fil de la route, s'éloignait et mourait.

Il s'arrêta dans un village - là encore, personne qui puisse témoigner qu'il était en vie - entra dans une église, alluma deux cierges - l'un pour le passé, l'autre pour l'avenir.

Le fait qu'une flamme sous une voûte parle d'espoir le rendit léger.
Il reprit sa voiture, attentif au paysage, aux signes, aux instants. Il repeignait les collines aux couleurs de son monde intérieur.

Marron, gris, jaune. Il ne pensait plus à lui, il ne pensait plus à elle - plus à elles et à eux, non plus, il ne pensait à rien.

Il se disait simplement que le 15 décembre, le monde meurt, pour un mois - et qu'il le veillait, depuis sa voiture.

La route qui serpentait entre les paysages se transforma peu à peu en chemin du retour.

Quand il rentra chez lui, il trouva une lettre où elle lui parlait du passé.
Il haussa les épaules : le passé était enfoui quelque part, derrière une église perdue au milieu des champs.


Le lendemain, ils échangèrent (sur Aime et Scène) - elle voulait du vert, avait peur de ne savoir le voir toute seule. Alors il ajouta que, pour sa part, il avait vu du vert sous le ciel jaune et les collines grises, dans les arbres qui faisaient semblant de ne rien attendre.

Et tout fut dit : ils se mirent à aimer l'hiver aussi.

Est-ce que tu as vraiment envie de lire ça ?


Et ces temps-ci, chaque fois qu'il écrivait, c'était pour parler d'autres femmes – ou à d'autres femmes. Pour leur dire qu'il les avait aimées les aimait, qu'il les attendait n'attendait d'elles qu'un signe (c'est en tout cas ce qu'elle lisait entre les lignes, et dans ses yeux).

Un signe pour quoi ?

Il disait qu'il le fallait, qu'écrire ces mots le libérait.

Elle disait oui, qu'elle comprenait. Elle ne mentait pas. Mais la compréhension ne chassait pas la souffrance, n'excluait pas le doute. Car pendant qu'il rêvait à d'autres, les déjà prises, les pas encore conquises, que devenait-elle sinon une ombre, une sorte de fantôme qu'il projetait lui-même dans un purgatoire qu'elle détestait, qui sentait comme un couloir d'hôpital, une odeur qui lui donnait la nausée ?

Mais attendre - que pouvait-elle faire d'autre ? Elle sentait parfois monter la colère, des reproches au fond d'elle voulaient sortir qui criaient qu'il n'avait pas le droit de la suspendre ainsi à ses doutes à lui, qu'elle n'avait rien à voir avec ça - et elle s'en voulait avant tout à elle-même pour ne pas savoir s'empêcher de souffrir, ou tout au moins de le montrer.

Le plus difficile, c'était peut-être de ressentir cette admiration pour lui qui osait dire écrire et parfois faire les choses. Les choses de tous les jours, les choses évidentes bien sûr, mais surtout les choses qui ne se disent ne se font pas. Elle pensait que c'était beau, vraiment, beau comme de l'art, une beauté certes contestable dans sa forme, mais indiscutable au fond. Ce qu'intellectuellement elle admirait lui tordait pourtant le ventre, et l'ensemble formait un étau serré dont elle ne parvenait pas à sortir.

Elle aimait et détestait l'idée qu'il puisse lui échapper. Elle était fière de penser qu'elle n'avait pas plus de droits sur lui que sur n'importe qui d'autre, et ce fait cependant pouvait la rendre malade.

Elle se calmait parfois en se disant qu'il n'avait rien fait de mal, et elle non plus. Qu'ils ne s'étaient rien dit d'irréparable. Qu'elle se trompait en croyant voir, ces derniers jours, sur son visage ou dans ses yeux, de la tristesse ou des regrets. Qu'elle avait tort d'insister pour savoir s'il allait vraiment bien, qu'il fallait être raisonnable et qu'au fond, oui, tout allait bien.

Qu'il avait cessé de penser à celle qui l'avait rejeté, celle à qui il avait écrit pensé parlé une bonne partie de la semaine. Elle parvenait à se convaincre qu'il n'était pas amoureux d'elle.

Elle devait évidemment se concentrer sur le bonheur qui l'avait saisie lorsqu'ils s'étaient demandés en mariage. Se persuader qu'ils allaient le faire, vraiment. Quand elle y pensait elle souriait, dans sa tête elle éclatait de rire, elle trouvait ça tellement beau, sans vraiment s'expliquer pourquoi. Une marque de confiance en soi, en l'autre, en l'avenir. Juste ça. Pas une entrave pas un boulet pas des clichés pas des bagues. Un truc entre eux, qu'ils seraient au final les seuls à comprendre vraiment.

Et pourtant tous ces doutes. Est-ce que tout cela pouvait cohabiter ? Étaient-ce les doutes qui avaient amené cette question du mariage, ou le mariage qui avait soulevé les doutes ?

Elle se donnait généralement tort : après tout, c'est elle qui avait dans le cœur un schéma de midinette où il n'aurait eu d'yeux et de pensées que pour elle, où il aurait pu trouver belles d'autres femmes sans que jamais elle s'en sente diminuée, où le doute n'avait pas de place.

Au plus fort de ses souffrances, quand elle avait relu tout ce qu'il leur avait écrit, à ces femmes, elle laissait monter l'envie de lui faire mal, à lui. Elle cherchait comment, trouvait difficilement, il y avait peu de moyens, finalement. Il ne lui avait jamais laissé entendre qu'elle avait ce pouvoir sur lui. Elle s'en sentait plus faible encore, sur ce plan la relation lui paraissait terriblement inégale.

Elle pensait qu'elle allait simplement profiter de ce qu'il s'était échappé quelques heures pour partir, elle, sans un mot, sans bagage. Elle ne donnerait pas de nouvelles, et il ne saurait jamais ce qui lui était arrivé. Elle se disait que de toute façon, c'était la seule façon de bien quitter quelqu'un – y compris, peut-être, soi-même.

Et juste après, elle se disait que son ventre avait beau continuer à lui faire mal en sourdine, son cœur battait quand même. Il battait pour tout ce qui bougeait et voulait bouger autour d'elle, pour les choses passées et pour celles qui venaient, pour les hypothèses, les plans sur la comète, les châteaux en Espagne, les projets béton, les inventions de toutes pièces, les croyances, les échecs, les succès, les douleurs et le plaisir. Elle pensait que son cœur n'avait jamais battu pour autant de choses à la fois, que c'était bon, et qu'il y était pour quelque chose.

Elle pensait qu'elle avait envie qu'il revienne (et peur : elle avait peur qu'il ne sourie pas en rentrant). Qu'elle aurait envie de lui dire tout ça. Qu'elle n'y arriverait pas.

Tant pis, elle le lui écrirait.

PS : elle a aussi oublié de dire qu'en finissant cette page, elle sent à quel point elle l'aime et qu'elle a envie de passer sa vie avec lui, pour le meilleur et pour le pire, mais avant tout pour le meilleur parce qu'elle se sent bien armée pour ça, et qu'elle espère qu'il en est de même pour lui.


15.12.08

Seul, enfin


Il marche dans le gris - elle ne l'aime plus, enfin plus vraiment, plus comme avant.

Marrant comme la rue ne ressemble plus à grand-chose, marrant comme les gens sont sous cellophane. Il lui manque des bras, des bouches, un ventre ; il lui manque un sourire, un éclat dans les yeux.

Il continue à marcher, tout de même - voilà une rue qu'il connaît, voilà un bar qui d'aventure ; mais rien, plus d'élan, plus d'envie.

Il se pose près de la rue - il se voit dans la vitre, et bon, n'en est pas plus fier que ça. Il y a dans son reflet un type comme un autre, lui qui hier à peine était un merveilleux.

Oh, il n'en mourra pas (même pas de sa main) : il continue la descente, comme un skieur malchanceux cherchant la station. Le brouillard s'est levé, la neige est froide est molle - elle rentre dans son cou sous son pull.

Puis il croise une flamme - il pourrait même y croire, si ses yeux n'étaient brûlés.

Il se souvient de Michel Strogoff et espère que ses larmes suffiront à lui refaire voir le jour - mais ce sera dans longtemps, ailleurs.

Si loin qu'il a déjà oublié.

14.12.08

Conclusion et moralité


Mémoires à zéro, sourires effacés - les intentions souillées, les démarches impures.

Ils avaient oublié qu'on peut blesser en disant : "Qui es-tu ? Je peux t'aimer."

13.12.08

On s'est dit quoi ?



Elle avait des yeux de source ; elle écoutait, captive, et ses mots les touchaient. Au fond, chacun, au coeur, à l'âme, à la culotte - dans cet ordre ou un autre, c'était sans importance. Elle les bouleversait.

Tout au plus l'un d'entre eux, à un moment quelconque, se sentait pincé d'une brise jalouse quand elle allait, papillonne lascive, se poster près d'un autre, et l'aspirer d'un sourire. (Il pensait un instant qu'elle était salope ou pute ou chaudasse - mais vite il souriait : elle était profonde et mystérieuse, aussi imprévisible que les vagues d'alcool qui les tournoyaient).

L'un, au détour d'un hoquet, voulut jeter les yeux dans ce qu'il aurait appelé son corsage - juste, peut-être, pour s'en rapprocher. Elle le regarda avec colère - il se prépara à l'orage.

Et l'orage vint, plus surprenant encore.

"I want to fuck you", lui cracha-t-elle - et elle sourit.

Alors il connut la tempête.


Le lendemain, elle avait oublié - l'alcool, sans doute, ou l'herbe, qu'ils fumaient pure, pour s'économiser la franchise.

Et son oubli à elle le condamnait au silence.
Alors, il disparut.

Ménage à trois


Je vis encore dans l'ombre d'une image - voilà ce qu'il pensait en nettoyant par terre, en frottant les dalles de carrelage d'une eau qui brûlait les jointures.

Je vis encore dans l'ombre d'une image - chaude et pourtant inutile.

Elle avait ce sourire - oh mon dieu ce sourire, et ce regard, cette impudeur ; elle avait cet amour dans le coin de ses lèvres - et le goût de son sexe, un fruit au nord salé.

Il la rêvait fontaine, il la désirait flamme ; et pourtant avec elle il n'y avait

qu'une façon de couper un citron - en deux, pas en quartiers
qu'une façon de tourner sur la route - clignotant averti
qu'une façon de sourire, de chanter, de penser, d'espérer, d'attendre

qu'une façon d'aimer - ce n'était pas la sienne.

Il avait vécu à l'ombre d'une image, qui disait : tu n'es pas toi - si c'est toi que tu aimes, c'est moi que tu détesteras.

Ce matin-là, sur les dalles d'eau chaude,
Il voyait se dissoudre un visage ; sa vie était facile - il s'en voulait parfois.

Une autre chantait dans la maison limpide.

L'eau avait goût de vinaigre (comme un sexe, au fond).


Il avait toujours adoré le vinaigre.

12.12.08

Soirs


Que disaient les mots ? Pas grand-chose. Il cherchait dans les yeux, dans la grâce des mains, dans la peau à ses échancrures, quelque chose du souffle qu'il avait senti palpiter. Mais leur rencontre cette fois restait à la surface - de presque humains, une fois de plus.

Ces hésitations des monologues croisés le laissaient souvent démuni, troublé, indolent ; il se demandait ce qu'en lui il y avait de volontaire ou d'échappé.

Il continuait à vivre, néanmoins, désirant par-dessus tout croire à l'existence des motifs pour avancer un jour de plus (en secret il rêvait qu'elle le lise et le comprenne ; il aimait se rêver déchiffré).

Ce jour-là


Ce jour-là, j'étais mort, depuis plusieurs années peut-être (une maladie surprenante et un peu ridicule, inattendue). Elle remontait crânement une mèche de cheveu sur son front en prenant sa voiture - sans même se souvenir de ces années où conduire lui semblait une défaite, une abjection, plusieurs décès.

Elle remontait sa mèche en pensant à mes fils - si grands si beaux, dans les yeux desquels elle reconnaissait mes épaules, même si leurs regards ne s'échangeaient pas toujours ; elle pensait à ses enfants, qui ne m'avaient pas eu pour père, et à ceux que nous avions failli avoir, ou croire, ou adopter.

Il faisait beau sur sa ville, ce jour-là ; j'aurais voulu, sans doute, qu'elle pense à autre chose qu'à moi - mais puisqu'elle y pensait, son sourire, où que je fusse, m'enchantait. Elle était forte, belle, immense - et fragile, et douce, et attendrie.

Elle prenait sa voiture et souriait - en face d'elle un homme souriait, prêt à l'aimer.

C'est alors qu'elle sentit ma main sur son épaule - ma main qui lui disait : oui, c'est une belle chose à faire. Oui, toi et moi, ensemble, l'avons toujours dit.

Oui.

Ce jour-là j'étais mort, elle était belle ; nos enfants le savaient - le bonheur existait.

11.12.08

Amitiés




Nos prénoms étaient les mêmes, nous en jouions souvent. Puis au détour d'une lettre, nous nous dîmes en souriant que ce serait plus simples si nos noms aussi correspondaient.

Tu pleurais un sourire, mon ventre s'allégeait.

*****
Les courses courageuses finissaient dans la boue ; l'air était trop vif et nos jambes trop vieilles - nous ne jouions, au fond, que contre nous-mêmes.

****

Amis :

Pilier de soutien, aux autres Gonins

Tant qu'on y est pour les cadeaux pour les fêtes...
Pour ma part je ne suis pas sûr de devoir vous inciter à visiter le
purgatoire, mais à lire le bouquin de Manu, oui !
Il avait consenti à me vendre il y a quelque temps en primeur un
exemplaire de sa prose, et je ne vous ai pas encore parlé de çà.
Que dire (ou écrire plutôt) ? Critique littéraire, c'est un métier...
Vous connaissez ma verve à l'oral ? Et bien c'est pareil à l'écrit.
Quelques commentaires cependant :
D'abord, lire des nouvelles pour un ramolli du bulbe comme moi c'est
vachement pratique :
* on peut s'en lire une paire ou plus avant l'extinction des feux sans
avoir à essayer de se souvenir le lendemain où on en était dans le
déroulement de l'histoire,
* celle qu'on lit ne nous inspire pas (pour l'instant) : et hop ! on
passe à la suivante.
J'ai particulièrement apprécié, entre autres,
* "Chasse à l'homme" et sa chute...,
* "Som" (normal pour un petit-fils de viticulteur (oui, je sais, gabache)).
Cela se lit (presque) aussi facilement que le Midol.
Je l'ai passé à ma Moman qui ne lit pas vraiment les mêmes choses que
moi et qui a bien aimé aussi.
En plus je suis sûr que si vous êtes gentils avec Manu, que vous l'avez
gavé de ballons et pas trop engueulé quand il les a enterré dans la
seconde qui suit, il vous fera sans doute une belle dédicace qui vous
permettra de frimer en société.
Manu, tu livrerais "Visitez le purgatoire" aussi tous les mercredis ?
Sinon, vous, les fêtes, çà se prépare ?

Pilier malingre mais solide, par SMS

Raté mon train et je m'en fous - je t'aime.




Pilier de blog aquatique :

C'est frustrant de plus pouvoir laisser sa p'tite touche chez toi, histoire de dire quand on est touché par ce que t'écris. D'autant que j'aime beaucoup ce que tu nous ponds ces jours-ci. mais bon, c'est ton choix. Tu m'expliqueras à l'occasion. Reste à lire bouche fermée, et profiter que tu te croies seul. à bientôt. Bises

La réponse étant, aux trois : merci - vos mots comptent beaucoup.

10.12.08

Espérances


Ensuite, vous abordiez le chapitre des amitiés amoureuses. Sujet scabreux s'il en fut - et pourtant vous saviez devoir tester encore l'adamantin du lien lorsqu'il restait ouvert. Des mains se frôlaient sur la table, sous la table des pieds se heurtaient ; et votre colère équivoque fleurissait sur cette tranche - lier, renouer, effacer, prendre et donner, désirer, croire.
Le jour se leva sur la défaite des obscures raisons.





Et sinon, quoi ? Bacon, Michaux, Aldo Moro m'attendaient à la médiathèque : le roman bilingue terminé, je me suis offert une petite journée documentaire au rythme des kebabs et des amis croisés ; discuté de Lozère avec une amatrice de patchwork dans une mercerie* à l'ancienne, serré comme souvent mon amour dans mes bras.

Le soir, Gros Chien fêtions lui aussi sa dernière page. La lumière dans son regard, maintenant délivré du boulet de l'encrage, en était ravivée. Slip en Lin titubait dignement de chagrin sous son haut de forme : tiens le cap, l'ami, et serre-toi contre nos côtes si le vent se fait mauvais.

Quiet Village part aujourd'hui en prélecture auprès du cercle minimal des lectrices accréditées ; une version CPL* / extraits devrait être bientôt disponible. Voir la colonne de gauche, en bas, pour déposer une demande.

Sinon, vous, ça va ?


* : maieuh non, bourtan, f'était marni.
* Cercle des Premiers Lecteurs

9.12.08

Fais briller les merveilles





Bon, ça y est, c'est fait : tu as coupé les commentaires, tu es certain que personne ne lit. Tu peux donc t'adresser à toi-même, comme tu as commencé à la faire il y a 3 ans quand tu as décidé de devenir écrivain.
Tu écrivais seul dans ton lit - dans une autre pièce ta future ex-femme te détestait - en relisant tes souvenirs immédiats. Les souvenirs des merveilles que tu apprenais à vivre.

Aujourd'hui tu écris encore. Tu as appris deux ou trois petites choses, dans ce domaine et dans d'autre. Dont la plus importante : tu peux apprendre, tu ne sauras jamais ; mais tu continueras d'essayer.

Sauf que le but, au début, était de faire briller les merveilles. Voir les trésors, les pépites - en particulier, va-t-en savoir pourquoi, ceux qu'on trouve dans les poubelles ou dans la boue quotidienne.

Alors, elles sont où, tes merveilles? Vas-y, tu es tout seul, tu peux te les raconter.

Où en es-tu de ta vie ? Tu aimes, solide, heureux, libre ; tu es amoureux, foutraque, dérangé, inconstant, timide - tu fais les deux à la fois.
Tu as bien fait de cesser le tabac - on dirait que tout est un peu plus propre dans ta tête.

Il y a à présent 3 romans, 17 chansons, une centaine de dessins et tableaux dans ton ordinateur. Quand tu vas faire le marché, tu tiens le bras de la femme que tu aimes, et la pluie fait des rayons sur vos sourires. Parfois tes pensées t'amènent vers des territoires inexplorés : tu te tiens prêt - ils s'ouvriront à toi, si tu en as envie.

Tu te rends compte que ce sont les moments lucides, et non plus les ivresses, qui te rendent heureux.

Alors tu commences et tu termines tes journées par une prière - ça s'appelle rendre grâce.

8.12.08

Une p'tite place pour LoFi ?

Une reprise qui n'a rien à faire là, mais LoFi était un peu à l'étroit sur son blog, alors il m'a demandé un peu d'espace, pour une fois...

Tout est dans le jeu du mug.



539


Rien qui cloche, au contraire, chez cet auteur célèbre d'un blog sans concession ; ses mots semblent retenir à grand-peine un ravissant ruissellement.


Noël approche : l'entre-deux devient difficile. Ils sont nombreux à rêver d'un grand amour ou, au choix, d'une mort rapide. Autour de la Sainte-Luce, la différence paraît minime.


Vous détestez le mot ringard, le banniriez avec joie de tout vocabulaire, le décréteriez pour un peu ringard lui-même. Néanmoins, l'image d'un outil de métal et de feu trouve grâce à vos yeux, et vous vous dites qu'à être ringard, autant l'être avec panache - et du côté qui brûle le moins.

She said she wanted to fuck me. Though I didn't find any correct answer, I felt really glad for her.

7.12.08

Quedan (Toulouse Carpette)


Il reste des pâtes d'hier soir,
Une écharpe un sac noir et les cadeaux de Gomez

Il reste de troubles images
Il reste des prières que nous dirons ensemble
Il reste des mystères qui nous éclaireront.

Gomez disait, comme à son habitude, des choses odieuses et drôles au sourire charmant*,
J'ai aimé qu'on me drague comme Whitney Houston,
Les elfes de maison souriaient les mains dans la vaisselle,
J'avais envie de bouches et de bras dans le dos.

Le matin est venu avec des idées bleues
Qui dansaient dans la rue sur les minutes fluides,

Il reste des prières que je dirai pour nous.



(* Je cite, s'adressant à mon père : "Monsieur, sachez que j'ai dégusté les jarrets de votre femme avec délectation". Il ose tout, vous dis-je. Encore une fois il parle de mes parents et je révèle l'histoire des robes de sa mère).

6.12.08

Happy birthday Franzie


Elle rit comme l'eau qui respire

(she smiles like rain, when it's beauty),

Elle murmure comme on chante

(she sings the wind, when it's warm)

Elle tient la vie contre sa peau

(and black, and soft, and sweet)

She knows.

5.12.08

Cédric Gomez


C'est son anniv, au bonhomme. Comme cadeau, il voulait un poney en Phoebe (ou amphibie ?), il a eu autre chose (de mieux, mais il ne le sait pas encore).

Et un petit plus, vu que j'ai décidé de parler de mes potes plutôt que de mes fesses : un portrait.

Cédric "Gros Chien" Gomez,

Tout chez lui incline à la formule: son élégante nonchalance, les traits qui sortent de sa plume-pinceau pour vous piquer le coeur, ses yeux façon animal exotique, le rythme sautillant de son existence et de ses histoires.

Malheureusement, des formules, je n'oserai en risquer: il est bien trop doué dans ce domaine.

Disons qu'il est le genre d'amis qui vous apprend l'humilité à force d'être lui-même.

Maître,






Maître, quand serai-je

musicien ?

Quand tu auras joué le bruit

de




l'écho de ton coeur dans le silence.

_

4.12.08

Salauds


Ils ne respectent rien - pas même la foi, l'intimité ultime. Ils étendent partout leur règne brutal et vicieux, démolissant d'un ricanement nos idéaux et nos mystères.

Alors comme ça, le Père Noël, c'est les parents ?






Et sinon, je sèche en ce moment sur mes écritures (que d'la merde, bordel), ce qui me pousse à aller voir chez d'autres où on dit des choses sur d'autres choses, mais aussi, et j'en rosis, sur mes écritures que du coup j'ai encore plus honte de mes merdaillages courants et rhahahaha ça m'énerve, pourquoi je suis énervé comme ça moi, de toute façon aucun talent aucun commentaire et passe ma vie à me plaindre bordel des fois je cherche simplement le courage de m'enfuir et y'a que la peinture qui marche en ce moment vu que ça me permet de pourrir mes jeans et mes manches et que je fais des trucs aux titres aussi évocateurs que "Think + : autorportrait en victime potentielle de suicide", "Before you were I", "C'est moi ou on dirait le cri de Munch" ? ou encore "Encore une croûtasse de merde, bordel" mais de toute façon à part mes potes qui sont aussi cintrés que moi personne n'aime ces trucs et la musique ne m'en parle pas je rame et je me bloque et ma voix ressemble à un truc qui ne ressemble à rien et


ce passage vous était offert par la Comité National du Sevrage Tabagique,

Merci, chère Emmanuelle, Oh, Boris, Rodolphe, pour vos mots du jour.

3.12.08

Véronica


Véronica vivait son rêve : elle avait enfin tout à disposition. Plus personne pour lui dire qu'elle n'avait pas assez d'argent, qu'elle devrait attendre, que ce n'était pas dans ses moyens.
Plus personne pour la traiter de SDF. Vêtements, nourriture, électroménager, et même des films : ici, tout était disponible, immédiatement et sans question. Qui lui aurait posé des questions, d'ailleurs ? Il ne restait qu'elle.

Elle dans les rayons du dernier supermarché, le lendemain de la fin du monde.

2.12.08

El mismo


J'ai des talonnettes (mais ça ne se voit pas),
je vis avec une brune superbe à la voix magnifique,
j'ai une ambition dévorante (les jours où je ne suis pas totalement déprimé),

et depuis hier soir, je suis président.

Manque plus qu'une Rolex, non ?

...

Et sinon, président de quoi ? président de La Teigne. Et secrétaire, aussi (celui avec des petites lunettes, des bottes et une mini-jupe ?). D'ailleurs, mon premier compte-rendu a été dessiné dans la foulée. Et je vous le montrerai bien si ce n'eussent été les aléas du pdf.

Mais je me dépêche et remets à plus tard, pour aller m'occuper de ma douce, qui.

Sinon, vous, ça aère ?

1.12.08

Condoléances


Il se peut que dans les prochaines semaines je sois chiant tendu déprimé surexcité joyeux simplet prof ou atchoum - vous m'en pardonnerez : j'ai décidé de quitter la fréquentation du tabac.

Et puis si vous me pardonnez pas, je m'en fous, je vous emmerde tous, vous pouvez toujours vous...

oups, je m'emballe.

Donc oui, si vous voyez passer des hauts et des bas bloggesques, pas d'alarme : just a matter of blood pressure.

Sans transition aucune, des perles de soirée :

"Moi, quand je suis tout seul le soir, je me bois souvent une bouteille à deux"
"Les ados, c'est comme les vieux, faudrait les brûler à la naissance"
"Je n'en peux plus de vivre dans une chaussette géante : je préfère l'intérieur de Gomez".

Les trois sont de S.e.L, et moi je dis que, quand on a des potes qui parlent comme ça, autant se taire et les écouter.

Sinon, vous, ça décembre ?

28.11.08

Hé, psss !

Au fait, j'ai pas dit dans le post précédent, mais ma semaine, c'était ça.

Vendredi, journée ménage


Première, puis troisième ou quatrième version (je ne sais plus) du début de Quiet Village. Any preference, people ?







Chapter one – Arrival gate n°1

Liz was free. Free from her parents.

The train ran quietly across London’s suburbs. On the seat in front of Liz’, a couple of young travellers were watching the scenery.

They were holding hands. They both were dressed in a kind of neo-hippie fashion ; the woman, tall and thin, had her blonde hair done in dreadlocks. Liz had spotted the heavy backpacks they were carrying along with them. The way they had barely watched at the signs in the train station, moving along as if they had all the time in the world, Liz had understood they were real travelers – the kind who had probably tripped around the whole world once or twice.

They weren’t watching her – and that was better, believe me. They could have noticed the blush on her cheeks. For Lizzie was ashamed : her parents had insisted much on taking her to the train station (she could have got there by herself), and, worse, to stand on the platform until the departure. They had even waved at her while the train started.

Mum had sent her kisses – how embarrassing…


***************

2.


I remember how I felt when I boarded the Stansted express.

I was free, free at last. Free from my parents.


As the train departed, I lost sight of them, waving at me from the quayside. Instead, I could see my own reflection on the window glass. Red shirt, neat bermudas, brand-new cool sunglasses : I looked great.

I glanced at my shoes, black Converses with a shiny white leather linen ; how trendy was that ? From my backpack, I took my I-pod – last model, of course, though it had been a pain convincing Dad and Mum I neeeeeeded it. Especially after the hair thing.

Oh, my parents haven't said much about it. Only Mum had looked at me with her usual pain-and-comprehension-mixed expression, and had said : « Oh, Liz Mc Callum, do you really think this will be of any help with your teachers and friends ? »

Well, I didn't have to tell her what I thought about my teachers ; and as for my friends, hey, what ! They were quite jealous of me. Good, isn't it ?

Dad had shooked his head.

« Liz, puppet, you know what I think of this kind of eccentricity. It's not doing you any good too seek to express your so-called personnality through clothes and haircuts. »

That's Dad kind of phrase. You have to look in a dictionnary to understand the words. But the meaning, yeah, I got that all right : I had no personnality. Thanks so much, Dad. Nice to feel your support.

Well, at least he was talking to me, wasn't he ? Most of the times, he doesn't. He's travelling, you know. For his job. So I don't see a lot of him (which is fine by me, if I may add). Instead, and because he always says Communication Is Important To Drive Teenagers To Adulthood And Independency, he writes memos.

When I get up, for example, I may find a 4'4 card on the kitchen table, saying something like « Mum coming back late, you can eat on your own », or « Maths examination today – You're still in time to read it over once again ».

I can't think of a better way to ruin someone's breakfast. Sometimes I feel like scribbling back on his notes. « Sorry, Dad, am only 14, don't know how to read », or « Math teacher mugged yesterday by a bunch of angry pupils – no exam today ». Then I don't, of course. I'd be on for a Long Serious Conversation as soon as he'd got back. Well, no, thank you...

Parents, you know. Seems you can't breathe without them telling you to do it differently.

27.11.08

Jeudi, not much to say

Ca se passe ici pour les mots d'amour, pour les prochaines nouvelles de la culturà toulousaine, et un peu partout autour de ma tête pour les jolies pensées,

en voilà une louchette pour vous.

26.11.08

Mercredi


Le mercredi, pas de post : c'est le jour des enfants.
En plus, c'est fête : pas de foot pour Zadig pour cause de terrains mouillés. Je me demande si un petit kebab-frites ne s'impose pas...

Sinon, vous, ça régresse ?

25.11.08

Mardi



C'est marrant. Aujourd'hui, c'est mardi. Pour moi, en tout cas.
Mardi. Elle est partie depuis hier seulement et je me sens, il me faut l'avouer, aussi seul qu'une chaussette dépareillée sur le sol de la salle de bain.
Note, ça peut avoir une vie passionnant une chaussette sale. Hier, quand on s'est téléphoné, j'ai pu lui raconter ma journée trépidante.
Heu, j'ai dessiné... un peu travaillé... j'ai été à Midicô pour acheter des trucs... bu un pot avec Gomez et Slip en Lin... pis j'ai rentré... et toi ?
Elle, elle a une vie passionnante : elle effectue une tournée internationale quelque part en France. Parterres combles et comblés, suites d'hôtel luxueuse avec sosies de Bradd Pitt intégrées, champagne au bol (c'est comme le caviar à la louche, paraît que ça fait classe..).
Je sais, j'aurais dû raconter ça hier (enfin lundi). On aurait pu s'extasier sur la vie fascinante des z'auteurs.
Sauf que j'ai pas pu. Oh, pas à cause d'un manque d'enthousiaste ou d'une légère dépression dûe à l'absence de soleil sur mes épaules, non, c'est beaucoup plus prosaïque : j'ai pas de réseau.
Pof, M'sieur Orange décide que ça ne marche plus.

Et c'est marrant, je trouve, que le réseau merdouille dès qu'Elle s'en va. C'est marrant, à cause de ce roman que j'ai écrit il y a quelques temps, et qui commence comme ça :






1. Le cœur ce matin a une connectivité limitée ou inexistante.

La faute au réseau, évidemment.

Pas de mail pas de message pas de blog pas d’Internet. Rien. C’est à peine si le portable fonctionne – mais qui appellerait, du moins qui dont on ne se dise pas, oh non, encore lui…

Sur Outlook, un message prendrait du temps à lire, créerait peut-être un fichier temporaire d’envie. À moins que là aussi les senders s’appellent tous encore.lui@jem’enfous.com.

Et chaque spam écrasé dans l’oeuf par l’automate a un goût de regret – cela aurait pu être quelque chose – une occasion un amour, une nouvelle, une affaire – mais rien n’apparaîtra dans la boîte de déception.

Passer de site en site, lire quelques bits de la vie des autres ; comparer à la sienne, lécher ses blessures, rire, les oublier.

Peut-être laisser quelques commentaires, pour que son nom apparaisse, ou pour avoir un thread à regarder dans quelques rafraîchissement compulsifs de la page.

MSN. Les mots frappés se décalent ; la phrase tourne le temps que les doigts textoïsent – direct, sans hésitation, mais séparés de la parole.

De quoi vivre un peu plus. De l’instant volé au flux de nos consciences. Digitally enhanced.

Envoyer. Recevoir.

Être, puisque part du réseau.

Pas aujourd’hui.



****

Et voilà. Bon, bin au taf, en attendant les réparateurs...

Sinon, vous, ça surfe ?

22.11.08

Puffs



Parfois, mon amour, je me demande
Ce que nous enfouissons l'un dans l'autre.

***

Note pour Steph : Vous fumez. Chaque fois que vous le faites, vous vous projetez ailleurs. Dans l'avenir, dans le passé, à vous de voir. Vous avez vos raisons pour le faire. Cool. Cela signifie que vous avez des projets.

***
Quiet village : désolé, Lulu l'a lu, mais ce n'est pas celui que je propose à la lecture (encore que, si tu le demandes gentiment...) ; c'est Ma vie n'est pas un roman, bordel, un machin qui.

***

Oh,

homo ?
oh, maux,
aux mots.
(et pardon de ne pas monter à la capitale, Toulouse (et la femmequi) restent des villes très captivantes.)

***

Quiet village (extrait en live des derniers chapitres)


Chapitre 13

Alice regarde, devant elle, les trois photos posées sur la table de la cuisine.
Mises bout à bout, elles ne veulent rien dire. Pourtant, Alice sent qu’elles disent une histoire. Une histoire qui a rapport à Mortepeyre, au village, à la maison.

Une histoire qui a rapport avec elle, aussi ; avec Jean, qui dort à l’hôpital, avec Liz, aux lèvres pincées, et avec Félix.

Félix n’a pas bougé d’un pouce ; il fixe le mur, immobile. Il n’a pas prononcé un mot depuis qu’Alice est revenue, depuis qu’elle a gravi l’échelle et pénétré dans le grenier.

Elle n’a rien vu, vraiment rien. Juste sa nièce, la bouché bée, devant la pièce secrète. Juste son fils, le corps tendu, la main sur la porte.

Non, il n’y pas eu un mince filet translucide qui s’est échappé de la porte, et qui est venu se loger sous les poutres centenaires.

Alice scrute les photographies sépia, tente de ne plus y penser. C’est la fatigue. Le stress, l’accident de Jean, et tout ce qui s’en est suivi, la nuit, la route sous l’orage, la colère devant les bêtises des enfants, l’inquiétude pour Félix (toujours, toujours, cette inquiétude) – tout cela l’a retournée. Ce qu’elle a cru voir… oh, elle n’a rien cru voir.

Alice s’inquiète. Il est temps de coucher les enfants, bien sûr, mais Félix n’a toujours pas bougé de sa chaise. Liz, aussi silencieuse qu’elle soit, n’a pas l’air fatiguée.

C’est la jeune anglaise qui revient sur le sujet.

- Alice, what do you think those picture represent ? »

Alice ne sait que répondre. Les mots d’anglais et de français se mélangent dans sa tête. Elle soupire et baisse la tête. Pourquoi tout lui semble-t-il si compliqué ? Elle murmure :

- I dont know, but…

C’est alors que l’orage fait sauter les plombs.




Chapitre 14

What’s that ?

It’s dark suddenly.

I swear I don’t scream. It’s the storm. It must be the storm.

I hear Alice fumbling in the kitchen. I get up, go to the window. I look outside. It’s a reflex, believe me: I just jump to the only piece of light I see. The darkess, outside, is less fearsome. A half-moon enlightens the scenery ; I can see the trees, the big cypress in front of the house (my god, how menacing it looks), the path leading through the hills – why do I think now of a black, oily snake ?

Alice lights a candle. My night vision go blurred. I can’t see anything but the kitchen now – whe did she do that ? I swear there was something moving outside.




C'est tout pour ce soir.

Sinon, vous, ça arrête de fumer ?